Entre 1989 et 1992, dans la ville de São Paulo, le Parti des Travailleurs a été à la tête du gouvernement municipal qui a vu, pour la première fois dans les cinq siècles d’existence du Brésil, un parti de gauche avec de solides origines populaires au pouvoir.
Le défi imposé par les conditions historiques (sociales et économiques) et par l’imaginaire socio-politique exigeait que dans chaque domaine de l’activité gouvernementale, trois tâches fussent accomplies : la critique de l’ancien, l’invention du nouveau et la proposition d’une nouvelle culture politique.
Pour respecter cette triple exigence le Secrétariat Municipal à la Culture a développé un projet dont l’orientation fondamentale a été l’invention de la Citoyenneté Culturelle. Pour un lecteur européen, il pourra paraître bizarre que le politique puisse s’exprimer d’une manière si directe et si explicite dans un projet culturel. Pour que cette étrangeté disparaisse, il faut considérer les conditions (et les préconditions) d’une proposition de politique culturelle pour le Brésil et pour São Paulo, la plus capitaliste des villes brésiliennes, c’est-à-dire celle où la logique du marché fonctionne pleinement.
Le défi a pris la forme d’une affrontement entre trois machines puissantes qui déterminent les opérations, les fonctionnements et les reproductions de l’imaginaire social et politique : la machine mythologique, idéologique et politique.
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Par Marilena Chauí
Source : Multitudes - juin 1994