Les mouvements sociaux brésiliens sont aujourd’hui directement attaqués. Ils sont visés par une offensive politique de grande ampleur qui entraîne le Brésil dans une période de grande régression démocratique. Depuis début mai, Dilma Rousseff, présidente élue avec 54 millions de voix a été mise à l’écart du pouvoir par les deux chambres. Des parlementaires - députés et sénateurs – massivement compromis dans des affaires de corruption ont institué une procédure de destitution contre la présidente, l’accusant d’irrégularités comptables pour minorer les déficits dans les comptes publics. Cette pratique routinière de tous les gouvernements brésiliens ne constitue aucun des crimes de responsabilité prévus par la constitution brésilienne.
C’est pourquoi les mouvements sociaux, les syndicats et toutes les forces progressistes du pays caractérisent la destitution de Dilma Rousseff de coup d’État institutionnel.
L’opération « Lava Jato », le scandale de corruption lié à la Petrobras – la compagnie nationale de pétrole - impliquant la classe politique brésilienne et les entreprises de BTP dans le financement des campagnes politiques, a scandalisé le peuple brésilien à juste titre. Tous les partis ont été concernés et les députés de droite qui ont mené la campagne contre la Présidente sont parmi les plus empêtrés dans le scandale de la Petrobras. En s’appuyant sur les mobilisations populaires, la droite a estimé que le moment était venu de déclencher une grande offensive pour éliminer le Parti des Travailleurs dont ils n’ont jamais accepté les victoires électorales. La procédure de destitution contre Dilma Rousseff a compté sur l’appui des puissantes Églises évangéliques, dont l’influence est importante sur le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) et plusieurs autres petits partis de droite qui ont la majorité dans les deux chambres (Parlement et Sénat).
La pratique du coup d’État légal semble être la nouvelle stratégie des oligarchies latino-américaines. Après le Honduras et le Paraguay, c’est le tour du Brésil. Ces nouvelles formes de coup d’État sans l’utilisation des armes s’appuient sur une classe politique très conservatrice et néolibérale. Malgré les avancées sociales obtenues dans les années 2000 en Amérique latine, la droite et la droite-extrême restent de puissantes forces politiques capables de mobiliser avec le soutien des médias dominants qui sont complètement contrôlés par des conglomérats industriels et les grandes familles. Certains vont jusqu’à demander l’abolition de la « bolsa familia » (bourse familiale) et des mesures mises en place par le PT pour réduire les inégalités.
L’actuel président par intérim, Michel Temer (leader du PMDB) a déjà constitué son gouvernement, uniquement composé d’hommes blancs, riches et assez âgés. Lors des premiers jours, le gouvernement Temer a supprimé le ministère de la Culture, de l’Égalité raciale, des Droits des femmes et annoncé une réduction importante dans les dépenses du SUS (équivalent de la sécurité sociale en France).
La droite brésilienne est engagée dans une radicalisation extrême. Elle parle de la nécessité d’« éradiquer » le PT et surtout les mouvements sociaux qui l’ont appuyé, notamment les syndicats de salariés et le Mouvement des travailleurs sans terre (MST). Alors même que de très nombreux mouvements critiquent la politique économique, sociale et écologique menée par le PT au gouvernement, les mouvements sociaux s’opposent à ce qui est de facto un coup d’État constitutionnel.
D’autant que le retour éventuel de la droite au pouvoir pourrait signifier une grande offensive contre les acquis sociaux, et même probablement la criminalisation de la dissidence et de l’action sociale, ce qui était la norme avant l’élection de Lula en 2002.
En soutien à la démocratie brésilienne, nous affirmons avec les mouvements sociaux brésiliens.
« NÃO AO GOLPE, FORA TEMER ! » (non au coup d’Etat, dehors Temer !)*
- Christophe Aguiton, Attac France
- Claire Angelini, artiste et cinéaste
- Christian Azaïs, LISE - CNRS / CNAM
- Geneviève Azam, économiste, membre du conseil scientifique d’Attac
- Luc Boltanski, sociologue, directeur d’études à EHESS
- Pierre Beaudet, Université d’Ottawa
- Susana Bleil, sociologue, maître de conférence à l’université du Havre
- Stella Bierrenbach, artiste
- Erika Campelo, Autres Brésils
- Silvia Capanema, maître de conférences à l’Université Paris 13
- Juliana Carneiro da Cunha, comédienne Théâtre du Soleil
- Mathias Cassel aka Rockin’ Squat, chanteur
- Bernard Cassen, président d’honneur d’Attac, secrétaire général de Mémoire des luttes
- Henryane de Chaponay, CEDAL
- Jean-François Claverie, Observatoire des Changements en Amérique Latine
- Thomas Coutrot, économiste, membre du conseil scientifique d’Attac
- Mazé Torquato Chotil, chercheuse et écrivaine
- Dr Fabien Cohen, chirurgien dentiste de santé publique, secrétaire général de France Amérique Latine
- Bernard Dreano, Assemblée européenne des citoyens
- Jean-Pierre Duret, réalisateur
- Anaïs Fléchet, maître de Conférences en Histoire à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
- Marilza de Melo Foucher- docteur en Économie, journaliste et blogueuse
- Afrânio Raul Garcia Jr., antropologue, CESSP/EHESS
- Susan George, présidente du Transnational Institute
- François Gèze, éditions La Découverte
- Franck Gaudichaud, président de France Amérique Latine, universitaire
- Jean-Marie Harribey, économiste, Université de Bordeaux.
- Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS-Paris)
- Kamal Lahbib, Forum des alternatives Maroc
- Jean-Louis Laville, sociologue
- Frédéric Lebaron, sociologue, professeur à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
- Gustave Massiah, Cedetim/Ipam, membre du Conseil international du Forum social mondial
- Gilles Maréchal, Pacé, économiste, consultant
- Gérard Mauger, directeur de recherche émérite CNRS
- Patrice Pinell, directeur de recherche, CESSP
- Louis Pinto, sociologue
- Ignacio Ramonet, journaliste Le Monde Diplomatique
- Messaoud Romdhani, Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux (FTDES)
- Pierre Salama, économiste, professeur émérite université Paris XIII
- Andrea Santana, réalisatrice
- Alexis Saludjian, professeur IE- UFRJ
- Glauber Aquiles Sezerino, sociologue, Autres Brésils
- Laura de Mello e Souza, professeur en Histoire du Brésil à l’Université Paris IV-Sorbonne
- Christophe Ventura, enseignant à l’Institut d’études européennes de Paris 8, Mémoire des luttes
- Patrick Viveret, philosophe, citoyen impliqué
- Freddy Vitorino, producteur
- Eric Toussaint, CADTM
- Célina Whitaker, Collectif Richesses
- Monique de Saint Martin, sociologue, directrice d’études à l’EHESS, IRIS.
- Yannick Sencebé, Sociologue rurale, AgroSup Dijon, Institut National Supérieur des Sciences agronomiques, de l’Alimentation et de l’Environnement
- Jean Pierre Boinon, Agronome, économiste
- Jean-Luc Pelletier, membre du conseil d’administration de Frères des Hommes
- Rose Marie Lagrave, sociologue/ EHESS
- Maud Chirio, historienne, spécialiste de l’histoire contemporaine du Brésil, maître de conférences à l’université de Paris-Est Marne-la-Vallée
- Monique Murga, présidente du Comité des Amis du Mouvement des Sans Terre de France
- Renée Le Mignot, co-présidente du MRAP
- Gabriella Scheer, comédienne
Contra o golpe de Estado institucional, nós afirmamos o nosso apoio e a nossa solidariedade com a democracia e com os movimentos sociais brasileiros
Os movimentos sociais brasileiros estão sendo diretamente atacados. Eles estão sujeitos a uma ofensiva política de grande amplitude que leva o Brasil a um extenso período de regressão democrática. Desde o início de maio, Dilma Rousseff, presidenta eleita com 54 milhões de votos, foi afastada do poder pelas duas câmaras do Congresso Nacional. Parlamentares, deputados e senadores amplamente envolvidos em casos de corrupção, instauraram um processo de impeachment contra a presidenta, acusando-a de irregularidades contábeis para camuflar o déficit nas contas públicas. Essa prática, rotineira de todos os governos brasileiros, não constitui nenhum dos crimes de responsabilidade previstos pela Constituição brasileira.
É por esse motivo que os movimentos sociais, os sindicatos e todas as forças progressistas do país caracterizam a destituição de Dilma Rousseff como golpe de Estado institucional.
A Operação Lava Jato, escândalo de corrupção ligado à empresa nacional de petróleo, Petrobras, envolvendo políticos brasileiros e construtoras no financiamento de campanhas eleitorais, indignou, merecidamente, o povo brasileiro. Todos os partidos políticos estavam envolvidos em tal operação, e os deputados de direita que lideraram a campanha contra a presidenta estão dentre os mais comprometidos nesse escândalo. Se apoiando nas mobilizações populares, a direita avaliou que tinha chegado o momento de iniciar uma grande ofensiva para eliminar o Partido dos Trabalhadores (PT), cujas vitórias eleitorais eles nunca aceitaram. O processo de impeachment contra Dilma Rousseff contou com o apoio de poderosas igrejas evangélicas, que possuem grande influência dentro do Partido do Movimento Democrático Brasileiro (PMDB), assim como dentro de diversos outros partidos de direita menores, que juntos possuem a maioria em ambas as câmaras do Congresso Nacional (Câmara dos Deputados e Senado Federal).
A prática do golpe de Estado legal parece ser a nova estratégia das oligarquias latino-americanas. Após Honduras e Paraguai, foi a vez do Brasil. Essas novas formas de golpe de Estado sem o uso de armas se apoiam sobre uma classe política conservadora e neoliberal. Apesar dos ganhos sociais obtidos nos anos 2000 na América Latina, a direita e a extrema direita continuam sendo forças políticas poderosas, capazes de mobilizar grandes grupos através do apoio dos meios de comunicação dominantes, que por sua vez são completamente controlados pelos conglomerados industriais e pelas oligarquias nacionais. Alguns chegam a pedir a abolição do programa social Bolsa Família e das medidas implementadas pelo PT para reduzir as desigualdades.
O atual presidente interino, Michel Temer (líder do PMDB), já formou seu governo, composto unicamente por homens brancos, ricos e de meia-idade. Logo em seus primeiros dias, o governo de Temer aboliu o Ministério da Cultura e o Ministério das Mulheres, da Igualdade Racial e dos Direitos Humanos, e anunciou uma redução significativa nos gastos do Sistema Único de Saúde (SUS), equivalente à Seguridade Social na França.
A direita brasileira está comprometida com uma agenda de extrema radicalização. Ela fala sobre a necessidade de "erradicar" o PT e, especialmente, os movimentos sociais que o apoiaram, tais como os sindicatos de trabalhadores e o Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (MST). Mesmo que muitos deles critiquem a política econômica, social e ecológica conduzida pelo governo do PT, os movimentos sociais se opõem ao que é de fato um golpe de Estado institucional. Sobretudo porque o eventual retorno da direita ao poder pode significar uma grande ofensiva contra as conquistas sociais, e provavelmente até mesmo a criminalização das dissidências e das ações sociais, práticas que eram a norma antes da eleição de Lula em 2002.
Em apoio à democracia brasileira, afirmamos junto aos movimentos sociais brasileiros :
"NÃO AO GOLPE, FORA TEMER !"