Paris se mobilise contre le fascisme au Brésil

 | Par Autres Brésils
Une manifestation contre le fascisme au Brésil et dans le monde a réuni plus de 3 000 personnes dans la capitale française le 20 octobre dernier.

Un grand rassemblement contre l’émergence du fascisme au Brésil et dans le monde a réuni plus de 3 000 personnes à Paris samedi 20 octobre. Organisée par les associations et collectifs Autres Brésils, France Amérique Latine, Amis du Mouvement Sans Terre, Femmes Unies contre Bolsonaro et la Ligue des droits de l’Homme, cette initiative était soutenue par plus de 35 associations et institutions françaises et latino-américaines en France, des chercheurs et des représentants de syndicats, mouvements sociaux ou partis politiques français.

RFI Brasil

Des représentant.e.s brésilien.ne.s du mouvement LGBTQI, du mouvement noir, du mouvement féministe, du MST et des alliés des peuples autochtones ont pris la parole à tour de rôle. L’association Acceptess-T a rappelé que le Brésil est déjà le pays qui tue le plus de personnes trans dans le monde et a dénoncé le racisme, l’homophobie, la transphobie et la sérophobie du candidat de droite. Elle a également dénoncé la banalisation et la légitimation de la haine en appelant à une plus grande mobilisation qui « refuse cette ignoble régression ».

Crédits : Martina Harter/Facebook

Pour sa part, le groupe des Femmes unies contre Bolsonaro a parlé au nom des femmes qui luttent quotidiennement pour leurs droits, l’égalité et la liberté. Le groupe a dénoncé les propositions réactionnaires et violentes contre les femmes dans un pays où se multiplient les agressions misogynes et les féminicides. Elles ont également rappelé que le fascisme s’est déjà installé au Brésil, comme en témoigne le meurtre du Maître de capoeira Môa do Katendê à Salvador, dans l’État de Bahia, et d’un travesti dans le centre de São Paulo, deux exemples d’une vague de violences contre les minorités et contre tout opposant au candidat néofasciste depuis le premier tour des élections. Plus de 70 agressions ont été dénombrées.

Crédits : Martina Harter/Facebook

Le collectif féministe parisien Marielles a ainsi invoqué Maître Moa aux côtés de Marielle Franco en défiant le public : « Combien de fois peut-on tuer quelqu’un ? » Elles se référaient aux actes violents, diffamatoire, contre la mémoire de Marielle. Elles ont également défendu que chacun a la possibilité de faire le choix de la joie, de l’accueil et de l’unité dans la lutte politique, contre cet engrenage de tristesse et de nostalgie qui est le jeu stratégique de l’extrême-droite. Une représentante du MST, après avoir évoqué la double oppression des femmes noires, a également affirmé la lutte du mouvement pour un monde plus humain et plus juste dans lequel "toutes les formes d’amour valent la peine ». Dans le même élan, un cri solidaire et de ralliement pour la population noire a clôturé la manifestation. "Les mots sont forts de leur sens, ils ont du pouvoir. »

Crédits : Eros Sana

Face à ce contexte où les discours violents et les agressions physique se normalisent, face à la menace néo-fasciste qui gagne les rues et les urnes du pays, les chercheuses Maud Chirio et Juliette Dumont, de ARBRE (Association pour la recherche sur le Brésil en Europe), ont souligné l’importance de la solidarité internationale. Comme elles, Gus Massiah, membre du bureau du Forum Social Mondial et des associations ATTAC, CEDETIM et Intercoll, a renforcé l’urgence de cette attaque, soulignant que le Brésil est la dernière étape d’une « contre-révolution mondiale ». D’autres ont déjà cédé, tels les États-Unis, la Hongrie, l’Italie, l’Inde et les Philippines. Pour lui, une telle contre-révolution est une réaction au nouveau monde porté par les mouvements altermondialistes. « Ce n’est pas un hasard si la question des femmes est au centre de ce qui se passe au Brésil », a-t-il dit. « Les fascistes craignent la révolution des femmes, celle qui remettrait en question les relations millénaires de pouvoir : ils craignent le nouveau monde. »

Parmi les représentants de l’État se trouvaient la sénatrice Laurence Cohen (Parti communiste) et Emmanuel Grégoire, premier conseiller de la Mairie de Paris. Laurence Cohen a rappelé que la montée de Jair Bolsonaro était due à la destitution de la présidente Dilma Rousseff et à l’arrestation de Lula - deux temps forts d’un même coup d’Etat sur lequel le gouvernement français reste silencieux. Emmanuel Grégoire, de son côté, a déclaré que les Parisien.ne.s resteront vigilant.e.s et aux côtés des Brésilien.ne.s qui luttent pour la démocratie. « Nous n’accepterons pas que ces menaces soient mises à exécution, notamment contre les plus vulnérables et celles et ceux qui sont victimes de discrimination », a-t-il ajouté. Des membres du Parti socialiste et de la France Insoumise ont également pris la parole.

L’objectif principal de ce rassemblement était d’appeler « au nécessaire soulèvement international au-delà des élections et au soutien à la construction d’un front pour la démocratie ». Et ce front est représenté, au moment du scrutin présidentiel, par Fernando Haddad et Manuela D’Avila (en photo).

Crédits : Martina Harter/Facebook

En rassemblant plusieurs sensibilités et une diversité d’acteurs, parfois adversaires dans les règles de la démocratie, cette initiative a montré qu’il y a des positions communes, qu’il faut agir et créer des réseaux nationaux et internationaux, institutionnels et populaires, autour d’une aspiration commune :

ele não (pas lui), eles não (pas eux), nunca mais (plus jamais).

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