Tiradentes est une ville historique de l’intérieur du Minas Gerais où, chaque fin janvier, un public fidèle assiste aux séances de cinéma et aux débats qui ont lieu pendant le Festival de Cinéma de Tiradentes. Dédié au cinéma brésilien contemporain, cette manifestation ouvre, depuis 22 ans, le calendrier des festivals brésiliens avec un programme qui propose deux sessions compétitives, ainsi que des projections dans différents endroits de la ville. L’un de ses points forts, la « Mostra Aurora » est consacrée aux films inédits de réalisateurs ayant réalisé jusqu’à trois longs métrages. Cette Mostra s’est imposée comme un des principaux espaces du cinéma indépendant et d’auteur, mettant en lumière ces dernières années plusieurs jeunes réalisatrices et réalisateurs. La « Mostra Olhos Livres », inspirée des mots du poète Oswald de Andrade - « Aucune formule pour l’expression contemporaine du monde. Voir avec les yeux libres » -, ajoute une production qui ne nécessite aucun critère préalable, réunissant des films de réalisatrices et de réalisateurs de différentes générations.
PARQUE OESTE de Fabiana Assis – 2018 – 70’ – VOSTFR
Parque Oeste, réalisé par Fabiana Assis, a remporté le prix du meilleur film à la Mostra Olhos Livres, en 2019. Le prix a été décerné par le Jury des jeunes, composé de jeunes étudiants sélectionnés lors d’un atelier de critique cinématographique. Le documentaire raconte la trajectoire d’Eronilde da Silva Nascimento - mère, militante politique et leader communautaire -, dont la vie est liée à la lutte pour le droit au logement. Autre exemple, parmi tant d’autres, de violence du marché immobilier en complicité avec le pouvoir public, ce documentaire raconte la lutte pour la résistance et la reconstruction d’Eronilde pendant et après la violente expulsion de toute une communauté vivant dans le quartier Parque Oeste, à Goiânia.
L’histoire est racontée à travers une riche recherche d’images qui unit les archives historiques et télévisuelles et, en contraste avec l’idée d’ordre et de sécurité transmise par ces documents, des images capturées par des activistes des médias pendant les violentes descentes de police au moment de l’expulsion. En janvier 2019, lorsque Parque Oeste a été montré à Tiradentes, nous craignions les chemins que notre pays prendrait, à cette époque déjà, naviguant dans une mer de désinformation. Le film de Fabiana Assis retrace une biographie et une lutte, et établit la place de l’image dans la construction urgente de discours qui infiltrent et déstabilisent l’imaginaire dominant qui criminalise les mouvements sociaux. Parque Oeste, avec sa force, énorme, sédimente la lutte, l’importance de sa mémoire et de ses images.