Paradoxes et défis d’un référendum (2)

Incroyable, l’absence de solidarité des personnes qui se disent de gauche, mais qui ne se sont pas reconnues dans la position du MST -victime privilégiée de l’UDR et de ses capangas [hommes de main], armés par l’achat dans les commerceslégaux, comme ils l’ont eux-mêmes avoué. Incroyable, l’absence de solidarité avec les pauvres, victimes quotidiennes de massacres à la périphérie des grandes métropoles.

Mais ne nous trompons pas : l’autoritarisme socialement encré a obtenu une grande victoire. Si on exclut la campagne pour le oui mal faite, le choix peu clair du vote, le faible engagement de la part des partis politiques, des mouvements sociaux, des militants, des étudiants, des intellectuels critiques - outre cela, on se doit de tirer des leçons concernant la gravité du résultat du referendum.

Les partis de gauche, les mouvements sociaux, les mouvements des droits de l’Homme, les églises progressistes, les militants de gauche, les intellectuels de gauche, les organisations d’étudiants doivent sérieusement réfléchir au degré d’isolement des idées et des forces de gauche, qu’exprime le résultat de ce referendum. L’élan démocratique qui existait à la fin de la dictature s’est épuisé. Aujourd’hui, ce qui se cache au fond de la plupart des esprits, est l’expression rageuse que, dans une crise de sincérité, Jorge Bonrhausen a laissé échapper : la haine de classe, traduite par « race », qui apprécie ou ferme les yeux devant la barbarie de la police et des groupes d’extermination.

La gauche, les forces démocratiques, les personnes ayant des valeurs humanistes, avons été mis en échec, et ce qui reste du referendum est une image très inquiétante. Le désastre des politiques actuelles de sécurité publique et l’absence d’alternatives dans le champ démocratique nourrissent cet autoritarisme raciste. Mais l’incapacité du gouvernement Lula à incarner les valeurs démocratiques est une autre source de déception, de personnes qui vont chercher explications et refuge dans des visions "naturalisantes" de la violence, qui font retomber sur les pauvres le fardeau le plus grave -ils seraient les acteurs supposés de la violence, mais ils sont en réalité les victimes privilégiées de celle-ci.

L’isolement social de la gauche est grand. Les medias privés -le véritable parti des classes dominantes- font et défont l’opinion publique selon leur bon vouloir. Les programmes à sensation de la télé, avec comme prétexte de demander justice dans les cas de violence, ne font en réalité que distiller des mauvais sentiments et démultiplier la culture de la violence. Le seul fait que les groupes de gauche, qui se prétendent "classistes", n’incluent pas des questions démocratiques comme la réglementation état par état du commerce d’armes, révèle l’ampleur de la tâche à accomplir, y compris au sein de la gauche.

Le référendum ne change rien dans le pays concrètement. Celui qui achetait une arme continuera à le faire, celui qui les volait pour commettre des crimes, continuera à le faire, et peut-être que la vente d’armes augmentera un peu. Toutefois, la différence la plus grande est la prise de conscience -de la droite et, j’ose l’espérer, de la gauche- de l’énorme potentiel d’autoritarisme raciste présent dans les mentalités, qui peut être exploité par la droite et qui doit être l’un des grands thèmes de débat, de polémique et de formation de la part de la gauche.

Par Emir Sader - Adital - 24 octobre 2005

Traduction : Monique Sessin pour Autres Brésils

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