Dimanche 17 avril, les députés brésiliens ont voté en faveur de la procédure d’impeachment (destitution) de la présidente Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs avec 367 votes pour, 137 contre, 7 abstentions et 2 absences. Un score cinglant, très au-dessus des deux tiers requis (342) pour ce type de procédure. Le pays franchit un pas de plus dans la crise politique, miné par le scandale de corruption de l’affaire « Lava Jato », qui implique un grand nombre d’élus.
Si le Sénat, qui doit se prononcer en mai, confirme la procédure lancée par la Chambre basse, Dilma Rousseff deviendrait, après Fernando Collor de Mello en 1992, le deuxième chef d’Etat brésilien démis de ses fonctions. Au lendemain de ce premier vote, retour sur la situation politique avec Christophe Ventura, chercheur associé à l’IRIS et spécialiste de l’Amérique Latine.
Revue des deux mondes – La Chambre des députés a ouvert dimanche la voie d’une destitution de Dilma Rousseff, après des mois de manifestations inédites dans tout le pays contre la présidente. Ce vote sonne-t-il le début de la fin pour la chef d’État ?
Christophe Ventura – Le vote des députés qui s’est tenu dimanche s’inscrit dans une séquence politique déjà en place depuis un certain temps au Brésil. Il n’est pas, en ce sens, une véritable surprise. En effet, cette procédure de destitution à l’encontre de la présidente Dilma Rousseff intervient dans un cadre bien précis : impulsée par Eduardo Cunha, président de la Chambre des députés, opposant notoire au gouvernement actuel (et par ailleurs visé dans l’affaire Lava Jato »), la demande a été validée par une Commission chargée d’étudier sa recevabilité et composée majoritairement de personnalités opposées à la présidente.
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