« Nous allons affronter Bolsonaro avec notre combat », déclare Quilombola.

 | Par Lía Bianchini

Traduction : Philippe ALDON pour Autres Brésils
Relecture : Du ALDON

Dona Ana Maria Santos da Cruz lembrou história do povo negro, afirmando que luta quilombola vai resistir ao governo Bolsonaro / Lía Bianchini

Depuis plus de 500 ans, la population noire construit la résistance au Brésil. Dès leur arrivée sur les navires négriers, en tant qu’esclaves, jusqu’à l’abolition de l’esclavage, qualifiée de fausse par le mouvement noir, il y a 130 ans. Ana Maria Santos da Cruz, membre du quilombo Invernada Paiol de Telha - Fundão, situé à Reserva do Iguaçu dans l’état du Paraná, a rappelé l’histoire de son peuple, dimanche 2 décembre, à la Vigile Lula libre.

Dona Ana a rappelé la résistance de ses ancêtres en s’interrogeant sur l’avenir de la lutte quilombola avec le début du gouvernement de Jair Bolsonaro du Parti social-libéral (PSL). Le président élu a déjà défendu la vente des terres quilombola, affirmant que le grand problème des peuples de quilombo « s’appelle le gouvernement fédéral ». Bolsonaro a également déjà répondu à une accusation de racisme pour avoir déclaré, lors d’un événement organisé au Club hébreu de Rio de Janeiro, en avril 2017, que les quilombolas « ne font rien » et « ne servent à procréer ».

« Nous allons résister à ses quatre ans [Bolsonaro]. Pas avec des armes, mais avec notre lutte. Nous revendiquons notre terre. Il a dit que les quilombolas ne servent à rien ; nous allons lui montrer que si, nous servons à quelque chose. Nous avons construit ce pays. Nous allons résister et, en aucune façon, nous ne vendrons aucune terre. Nous allons revendiquer notre terre, ce qui est notre droit », a déclaré Dona Ana.

La communauté quilombola Paiol de Telha, existe depuis 1860, habitée par des travailleurs qui cessèrent d’être esclavagisés par la propriétaire des terres, Balbina Francisca de Siqueira, et qui reçurent ces terres en héritage. L’histoire de la lutte pour la terre commence dans les années 1960, lorsque les familles qui y vivaient furent violemment expulsées par des immigrants allemands qui fondèrent la Cooperativa Agrária Agroindustrial Entre Rios.

« Ils demandent : pourquoi nous réclamons la terre ? Pourquoi les Noirs du Paiol de Telha veulent-ils la terre s’ils n’ont pas l’argent pour investir sur le territoire ? Mais nous ne voulons pas la terre pour devenir riches, nous voulons la terre pour survivre, comme par le passé. Nous voulons préserver notre eau, les réserves qu’ils ont détruites », a-t-elle déclaré.

Selon Dona Ana, la lutte pour les terres de Paiol a pris un nouvel élan à partir des gouvernements de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva du Parti des travailleurs (PT). En 2003, lors du premier gouvernement Lula, le décret n ° 4887 qui régit la procédure d’identification, de reconnaissance, de délimitation, de démarcation et de titres de propriété des terres occupées par les descendants des communautés de quilombos, a été signé.

Les données de la Commission Pro-Indigène de São Paulo (CPI-SP) indiquent qu’en huit ans de gouvernement, Lula a permis la légalisation de 12 territoires de quilombo, soit environ 40 000 hectares. Sa successeure, Dilma Rousseff (PT), a fait légaliser 16 territoires quilombolas, totalisant 11 700 hectares.

« Le Paiol de Telha existe depuis Lula. Parce que c’est Lula qui nous a ouvert les yeux pour revendiquer nos droits : droit à la terre, droit au logement, à l’énergie électrique. En d’autres termes, les politiques publiques ne sont arrivées qu’à partir du gouvernement Lula », a commenté Dona Ana.

Actuellement, la lutte des quilombolas vise à légaliser les terres de Paiol. La communauté de Paiol de Telha était l’objet d’un procès intenté par la Coopérative Agraire, demandant l’expulsion des familles qui occupaient une partie de la zone non comprise dans l’accord signé, en 2015, entre la communauté et la coopérative.

Lors d’une audience de la onzième Cour fédérale de Curitiba, l’ordre d’expulsion a été suspendu jusqu’à mars 2019, l’Institut national de la colonisation et de la réforme agraire (INCRA) devant, d’ici là, fournir les titres de propriété d’une partie des terres du Paiol.

L’avenir du quilombo

Avant l’audience, dimanche (2), des membres de la communauté quilombola Paiol de Telha, étaient à la vigile de Lula libre pour raconter leurs expériences de lutte dans un cercle de parole.

Parmi eux figurait Djankaw Matheus, travesti noir, militant du collectif artistique Paiol das Artes et du premier collectif LGBTQI de Guarapuava, le Collectif Bajubá. Pour elle, la jeunesse de Paiol a non seulement pour tâche de perpétuer la lutte quilombola pour la terre, mais également de « déconstruire et redéfinir les normes sociales ».

Djankaw pense que l’élection de Jair Bolsonaro, basée sur des directives conservatrices et des questions morales, a montré à la gauche que des luttes appelées « identitaires », telles que le mouvement LGBT et le mouvement féministe, sont complémentaires des questions économiques.

« Plus que jamais, ce que nous vivons actuellement est l’expression de tous ces systèmes qui nous sont imposés : le colonialisme, l’eurocentrisme, le capitalisme, le phallocentrisme. Parce qu’il ne suffit pas d’être un homme, il faut être un homme, blanc, hétéro. Bolsonaro représente tous ces schémas mentaux qui nous ont été imposés et que nous reproduisons encore », a-t-il déclaré.

Pour la militante, la déconstruction de ces normes passe par une éducation libératrice qui enseigne aux gens à « comprendre le fonctionnement de la société, à comprendre comment nous en sommes arrivés là et où nous sommes en train d’aller. »

Édition : Mauro Ramos

Voir en ligne : Brasil de Fato

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