Marina Silva était à la tête du Ministère de l’Environnement (MMA) depuis le premier jour du premier gouvernement Lula. C’est l’une des figures politiques brésiliennes les plus prestigieuses au niveau international. Elle va reprendre son siège de sénatrice de l’Etat de l’Acre.
<img1467|center>
Dans sa lettre de démission, l’ex-ministre affirme le « caractère personnel et irrévocable » de sa décision. Puis elle explique les raisons de son départ : « Cette décision difficile, monsieur le président, découle des difficultés que j’ai du affronter depuis un certain temps déjà pour mener à bien l’agenda environnemental fédéral. [...] Vous avez été témoin des résistances croissantes rencontrées par notre équipe face à des secteurs importants du gouvernement et de la société. En même temps, nous avons reçu l’appui et la solidarité d’autres secteurs. Souvent, nous n’avons pu avancer que grâce à votre engagement personnel direct. Cependant, les difficiles tâches qui attendent le gouvernement dans le futur nécessitent une reconstruction du soutien politique en faveur de l’agenda environnemental. »
Marina Silva aurait pris la décision de quitter son poste après le lancement le 8 mai dernier par le gouvernement du Programme Amazonie Durable (PAS). L’insatisfaction de la ministre aurait atteint ses limites suite à une décision de dernière minute de ne pas annoncer les objectifs prévus. Un autre facteur aurait été la décision de Lula de confier la coordination du PAS au Secrétaire spécial des actions de longue durée, Mangabeira Unger, ce que la ministre a pris pour un mépris du travail réalisé par son Ministère.
Ces derniers mois, Marina Silva a du faire face à de nombreuses pressions internes au sein du gouvernement avec les combats politiques menés dans les dossiers du contrôle de la déforestation en Amazonie ou de la libération commerciale des transgéniques. Dans le premier cas, la ministre a toujours souffert de l’opposition des secteurs ruralistes liés au Ministère de l’Agriculture. Dans le cas des transgéniques, l’opposition à Marina Silva se concentrait dans les secteurs liés à l’industrie des biotechnologies et au Ministère de la Science et de la Technologie.
Le début des travaux du Plan d’accélération de croissance (PAC) aurait également contribué à son départ. La polémique sur la concession de licences environnementales pour des projets de grande ampleur, comme, par exemple, la construction des usines hydroélectriques de Santo Antônio e Jirau, a placé la ministre sur le chemin pris par la ministre de l’intérieur, Dilma Rousseff, et le président Lula lui-même.
João Paulo Capobianco, le secrétaire exécutif du MMA, et Bazileu Margarido, président de l’IBAMA, ont également démissioné. Les organisations du mouvementt environnementaliste (MST, Greenpeace, ISA, FBOMS, etc.) ont toutes déploré son départ. La joie des représentants de l’agrobusiness, par contraste, montre bien toute la signification de ce geste.
Par Georges da Costa
Traduction libre de « Marina Silva pede demissão do Ministério do Meio Ambiente » (Carta Maior, 13 mai 2008)