Lula a été élu président de la République brésilienne le 6 octobre 2002. 6 ans après son bilan est en demi-teinte. La démission récente de sa ministre de l’environnement l’illustre.
Marina Silva, la charismatique Ministre de l’environnement du Brésil, a remis sa démission à Lula en mai dernier. Même si elle s’est abstenue de critiques ouvertes, elle est le premier membre de l’équipe Lula à démissionner clairement pour raisons politiques depuis l’élection de Lula en 2002 – les autres ministres démissionnaires ayant dû partir pour des motifs moins honorables, en général à la suite de mises en cause judiciaires. La démission de Marina Silva jette la lumière sur les ambiguïtés du bilan, à mi-parcours de son second mandat, de la politique économique et écologique de Lula. Le cas brésilien illustre bien les difficultés de la gauche à sortir de la religion de la croissance et à placer les enjeux socio-écologiques au cœur de sa politique. Car au Brésil comme ailleurs la destruction environnementale rapporte beaucoup à une petite minorité, mais coûte cher à la société et à la planète.
Marina Silva, ancienne syndicaliste et militante de longue date pour la préservation de l’Amazonie, a expliqué sa démission par la résistance croissante des grands intérêts économiques et financiers à sa politique – une critique implicite à la bienveillance de Lula pour ces intérêts. Depuis plusieurs mois, le patronat et les grands propriétaires fonciers se plaignaient des « lourdeurs administratives » et de la lenteur des services du ministère à accorder les « autorisations environnementales » nécessaires pour lancer des projets d’investissement. Dans un discours controversé tenu en novembre 2006, Lula avait montré du doigt les « entraves à la croissance économique » représentées par « l’environnement, les indiens, les quilombolas » (ces communautés d’anciens esclaves noirs fugitifs, qui possèdent la terre collectivement comme les indigènes). Carlos Minc, le nouveau ministre de l’environnement du gouvernement fédéral, a été choisi par Lula en fonction de sa récente performance comme responsable de la politique environnementale de l’Etat de Rio de Janeiro, l’octroi en un temps record de la licence environnementale pour la construction d’un vaste complexe pétrochimique (AFP, 15/05/08).
[...]
A lire en entier sur :