Lettre ouverte de chercheurs travaillant avec le peuple Tupinamba

 | Par GITPA

Dans un contexte marqué, par les déclarations anti-autochtones récurrentes du président de la République, Jair Bolsonaro, le peuple Tupinamba au sud de l’État de Bahia a découvert fin janvier un plan complexe d’extermination de dirigeants autochtones conçu par des individus et des groupes opposés à la démarcation de la Terra Indigena Tupinamba de Olivença.

Dans le but d’assassiner le cacique Babau (Rosivaldo Ferreira da Silva) et certains de ses proches, le plan serait exécuté avec la participation d’agents du pouvoir public, qui participeraient à des réunions visant à concevoir les attaques.

Lettre ouverte de chercheurs travaillant avec le peuple Tupinamba

Le 13 février 2019

Pour une enquête urgente sur les menaces et les plans d’extermination contre les Tupinambas, pour la garantie de la sécurité des autochtones et pour la conclusion immédiate du processus de démarcation de la Terra Indígena Tupinambá de Olivença (Bahia, Brésil)

"À la fin du mois de janvier 2019, le peuple Tupinamba a découvert et dénoncé un plan complexe d’extermination de dirigeants autochtones, conçu par des individus et des groupes opposés à la démarcation de la Terra Indígena Tupinambá de Olivença, dans le sud de l’État de Bahia, au Brésil. Dans le but d’assassiner le cacique Babau (Rosivaldo Ferreira da Silva) et certains de ses proches, y compris une adolescente, le plan serait exécuté avec la participation d’agents du pouvoir public, qui participaient à des réunions visant à concevoir les attaques.

Disposant d’un ensemble de preuves solides, y compris de témoignages et d’images de caméras de sécurité, les Tupinambas ont dénoncé le plan lors de réunions en présence d’autorités du gouvernement de l’État de Bahia, du gouvernement fédéral, du ministère Public Fédéral, d’instances internationales et d’entités de protection des droits humains. La gravité de l’affaire a conduit à la publication d’un article mis en avant dans le journal Folha de S. Paulo, le 10 février 2019.

Les événements se déroulent dans un contexte marqué, entre autres aspects, par les déclarations anti-autochtones récurrentes du président de la République, Jair Bolsonaro, et par la désignation de représentants de secteurs opposés aux droits des peuples autochtones, précisément pour des mandats qui ont pour objectif de garantir ces droits. Ce scénario a été un terreau propice aux invasions de terres autochtones, aux assassinats de dirigeants et à d’autres violations graves, comme indiqué dans la presse et comme cela se vérifie dans le cas Tupinamba. Le processus de démarcation de la Terra Indígena Tupinambá de Olivença se poursuit depuis 15 ans déjà. Tous les délais légaux fixés par le décret n° 1.775/1996 ont été violés. Comme l’a récemment déclaré Antonio Carlos Bigonha, procureur général adjoint de la République, se référant à l’affaire Tupinamba, « le retard concernant la signature de l’arrêt administratif d’un processus qui a respecté toutes les exigences légales et constitutionnelles est un facteur d’accentuation du conflit dans la région ». Toujours selon le procureur général adjoint, « cette signature est un acte qui pourrait être immédiatement réalisé par le ministre de la Justice, Sergio Moro ».

En tant que professeurs et chercheurs de différents domaines disciplinaires, liés à des universités brésiliennes et étrangères, qui, au cours des dernières décennies, ont développé des recherches universitaires et réalisé des études d’autres natures, des rapports et des comptes rendus avec le peuple Tupinamba, nous nous positionnons publiquement une fois de plus, en sollicitant :

1. Une enquête urgente sur les menaces et les plans d’extermination contre les autochtones du peuple Tupinamba, ainsi que la responsabilisation de toutes les personnes impliquées ;

2. L’adoption immédiate de mesures de protection efficaces pour les autochtones, en particulier pour le Cacique Babau (Rosivaldo Ferreira da Silva), les autres personnes désignées nominalement comme cibles possibles des attaques et tous ceux qui viendraient à être menacés ;

3. La signature immédiate, par le ministre de la Justice, de l’arrêté administratif de la Terra Indígena Tupinambá de Olivença. Notre production scientifique, accessible au grand public, documente en détail le pillage pratiqué contre les autochtones et les violations de leurs droits garantis par la Constitution, ainsi que leur résistance, dans la constante actualisation de leurs modes de vie collectifs, identités et projets collectifs, fondés sur des relations spécifiques avec le territoire. Nous réaffirmons, sur la base d’années de recherche, que la conclusion immédiate du processus administratif de démarcation de la Terra Indígena Tupinamba de Olivença est le seul moyen de garantir les droits des peuples autochtones et non autochtones, contribuant ainsi à mettre un terme aux conflits dans la région".

Voir en ligne : GITPA

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