Les raisons de l’annulation de la manifestation du samedi 22 juin à Paris

 | Par Manifestation du 22 juin

A la demande des organisateurs de la manifestation initialement prévue samedi 22 juin à Paris, nous publions le texte expliquant les raisons de l’annulation de cette manifestation.

COMMUNIQUÉ

Les récents événements au Brésil présentaient un contenu assez clair lors de leur début il y a 3 semaines, guidés par les revendications faites par le Mouvement "Passe libre" (Ticket Gratuit) exigeant la révocation de l’augmentation du prix des tarifs du transport public. Des énormes foules sont descendues dans les rues à l’appui de cette demande, avec une force sans précédent au cours des vingt dernières années. Dans ce contexte, on a pu observer une criminalisation du mouvement par une grande partie de la presse, qui a légitimé l’action disproportionnée de la police. C’est à ce moment-là que, nous les organisateur-ices, en tant qu’étudiant-es brésilien-nes résidant à Paris, avons décidé de convoquer un acte, prévu pour le samedi 22 juin, pour exprimer notre solidarité envers ce mouvement, ses revendications et contre la violence policière employée.

Au cours de cette dernière semaine, la nature des événements a, cependant, changé. Prenant élan dans la force populaire alors mobilisée, la grande presse et la droite brésilienne ont décidé de soutenir les manifestations, dans le but de diluer son contenu et parvenir ainsi à imposer leur agenda conservateur. A partir de ce moment nous avons assisté à la montée des discours réactionnaires et à la prolifération d’attitudes fascistes dans les rues des villes brésiliennes. Dans le même sens, un anti-partidarisme de caractère diffus et enragé a commencé à inciter la violence, incitant certains groupes autoritaires à se sentir dans le droit d’agresser des membres d’organisations de gauche, organisations qui ont toujours participé activement à la construction des grandes mobilisations historiques au Brésil.

Nous avons conscience qu’une grande partie des personnes dans les rues ne défendent pas ce type de comportement, mais, malheureusement, il y a eu une sorte de consentement désinformé de la part de certains d’entre eux. Une telle situation met en péril le droit à la libre expression et à la libre organisation politique, des droits conquis au cours de luttes historiques commandées par la même gauche qui s’est vue taper dans les rues le jeudi 20 juin.

Certains médias profitent de ces événements et les décrivent comme une bataille pour la déstabilisation du gouvernement. C’est sans aucun doute la position de la droite. Nous avons également, mais par des raisons complètement diverses, des critiques à faire aux différentes sphères politiques (niveau fédéral, des états et des municipalités) brésiliennes, il va sans dire de la manière dont ils ont conduit la négociation avec le groupe « Passe Livre ». Nous nous indignons de voir la manière technocrate utilisée par le gouvernement pour traiter les revendications populaires, et déplorons le gouvernement fédéral d’avoir abandonné le dialogue avec le mouvement de base d’où son parti est né. Néanmoins il est clair qu’en aucun moment on a prétendu- et nous ne prétendons pas non plus - faire de ces manifestations une marche pour la destitution de gouverneurs démocratiquement élus, par plus critiques que nous pouvons être envers eux.

Il nous faut commémorer, sans aucun doute, la conquête obtenue par les « Passe Livre » dans les rues, ainsi comme le fait que les manifestations aient pu faire valoir leur volonté devant les sphères représentatives du pouvoir. Les manifestations ont réussi à placer dans le débat public ce qui signifie un État efficacement démocratique, ainsi que sensibiliser une partie de la population que la participation politique directe apporte des conquêtes.

Ce qui arrive aujourd’hui dans notre pays est quelque chose de très importante dont le sens, toutefois, reste indéterminé. L’organisation de cet acte n’est pas en accord avec la façon dont la grande presse et la droite ont essayé de s’approprier et d’imposer ses discours par rapport aux mobilisations en cours dans le pays. Nous sommes toujours mobilisés pour la transformation sociale au Brésil et soutenons les orientations historiques des mouvements sociaux.

Bia Barbosa

Daniel Bezerra

Carolina Bianchi

Virginia da Costa

José Luiz Neves

Jaqueline Nikiforos

Fernanda Vilar

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