Les habitants des favelas de Rio inquiets du déploiement de la police dans leurs ruelles

 | Par Anne Vigna

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Le gouverneur de Rio, qui aspire à être reconduit à son poste aux élections d’octobre, a ordonné aux forces de sécurité d’investir les quartiers populaires. Une opération décidée sans consulter la population locale, qui accuse déjà les nouveaux venus d’abus et d’actes de violence.

Contexte, lire l’article d’Anne Vigna pour Agencia Publica (2014) La violence légalisée
 
Lire aussi l’éditorial A Rio de Janeiro, la ’sécurité publique’ dans l’arène electorale janvier 2022 de Ponte Jornalismo, traduit par Autres Brésils
 
Notre analyse "Au-delà du ’monopole de la violence légitime’ de l’État brésilien" dans l’Observatoire de la démocratie brésilienne

Fernanda Duarte Faustina reçoit dans son bureau de l’association des habitants de la favela Pavao Pavaozinho, à Copacabana. Avant de passer la porte, on a dû croiser plusieurs jeunes armés de fusils plus grands qu’eux, postés aux angles des ruelles et visiblement nerveux. « Tout le monde est tendu avec les annonces du gouverneur », s’excuse presque la présidente de l’association. Le 19 janvier, la plus grande favela de Copacabana a été citée par le gouverneur de Rio, Claudio Castro, comme l’une des communautés où la police est appelée à s’implanter, dans le cadre du nouveau programme « Ville intégrée ». Le gouverneur s’exprimait en direct à la télévision alors que les images montraient 1 200 policiers, épaulés de blindés et d’hélicoptères, entrant dans la favela de Jacarezinho : « La première favela à intégrer le programme », décrivait fièrement le gouverneur.

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Après avoir éteint son poste, Fernanda Faustina est allée trouver le commandant de l’unité de police de pacification (UPP). Pavao Pavaozinho est en effet une des dernières favelas à avoir encore un poste de police, issu du dernier programme gouvernemental de 2012, dénommé alors « Pacification des favelas ». L’objectif était de créer une police de proximité permanente, au lieu de lancer des opérations ponctuelles et meurtrières, capable de sécuriser les grands événements que Rio allait recevoir : la Coupe du monde (2014) et les Jeux olympiques (2016). Comme la présidente de l’association, le commandant de l’UPP a appris à la télévision le prochain déploiement policier, qualifié sur place d’« occupation », et s’en est ému. « Les policiers ne rentrent plus dans la favela depuis 2017, mais restent dans la rue principale, en bas, décrit Fernanda. Cela évite des affrontements inutiles et ils ne souhaitent pas “reprendre le territoire”, comme le répète le gouverneur sur toutes les ondes. »

Le nouveau programme « Ville intégrée » a très vite fait l’unanimité contre lui, tant sur le fond que sur la forme. « Après l’échec de la “pacification”, présenter à nouveau un projet sans concertation avec les habitants et sans s’appuyer sur un quelconque diagnostic ou étude est un véritable scandale », s’emporte Doriam Borges, chercheur au laboratoire d’analyse de la violence de l’université d’Etat de Rio de Janeiro.

Violations de domicile

Comme lors de la « pacification », l’actuel gouverneur a promis des « investissements sociaux et la création d’infrastructures, un programme qui va bien au-delà de l’aspect sécuritaire ». Trois jours après son annonce à la télévision, le 22 janvier, il apportait plus de détails en conférence de presse : une première enveloppe de 500 millions de reais (81,4 millions d’euros) serait destinée à Jacarezinho et à Muzema, une favela de la zone ouest, tenue cette fois par les paramilitaires et également investie par la police dans l’après-midi du 19 janvier.

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En couverture : Rio de Janeiro- RJ- Brasil- 01/05/2015- Ocupação da Polícia Militar no Complexo da Maré.

Photo de André Gomes de Melo/ GERJ

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