Les grèves dans l’enseignement se poursuivent Par Gauthier Berthélémy

 | Par Gauthier Berthélémy

A l’arrêt depuis plus d’un mois, les universités publiques brésiliennes se sont vidées de leurs étudiants. Professeurs et personnels administratifs s’unissent pour exiger, entre autres, une augmentation des salaires, la création de nouveaux postes et plus d’autonomie. Un mouvement qui renforce la crise dans l’enseignement brésilien.

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(Crédits : Gauthier Berthélémy)

Depuis le 17 mai, une grève oppose les professeurs et personnels de 58 universités, 36 Instituts Fédéraux et de centaines d’écoles au gouvernement fédéral. L’un des points de désaccord entre les parties se porte sur les réformes voulues par Brasilia, le plan de restructuration proposé par le ministère de l’éducation ne faisant pas l’unanimité au sein de la communauté enseignante.

Selon Sônia Meire, représentante du syndicat des professeurs de l’Université Fédérale de Sergipe (Adufs), « le gouvernement a imposé des changements sans aucune concertation. Les programmes ont changé sans que cela s’accompagne de nouveaux moyens. Par exemple, de nombreux cours sont encore sans professeurs ! ». Le financement de l’éducation est un point central du désaccord. L’allocation de 10% du PIB national au budget de l’éducation nationale a été adoptée par la Chambre des députés et les grévistes demandent l’application de cette mesure. Le gouvernement de Dilma Rousseff, quant à lui, préférerait abaisser ce taux minimum à 8% du PIB.

Et aux professeurs s’ajoutent les revendications des agents administratifs et techniques qui réclament de meilleures conditions de travail, un salaire équivalant à trois salaires minimums, soit environ 1900 reais, et la mise en place de concours publics pour le recrutement. Cette dernière exigence est appuyée par les groupes d’étudiants qui se sont joints au mouvement. Selon Allana Nascimento Santos, représentante du Comando de grève de l’Université Fédérale de Sergipe, « les étudiants boursiers reçoivent un peu plus de 400 reais par mois pour accomplir des tâches administratives alors que cet argent devrait servir à faciliter leurs études. Au contraire, ils perdent un temps précieux et prennent malgré eux la place de personnes qualifiées qui devraient avoir ces postes ».

La rémunération des professeurs et des personnels fait partie des revendications. Sans augmentation de salaire depuis des années, les universitaires ont emboîté le pas aux professeurs des écoles publiques. Ces derniers se sont mobilisés pendant plusieurs semaines pour exiger la revalorisation du salaire minimum de la catégorie de 22,22%.

À Sergipe, les établissements scolaires ont eu leurs portes closes pendant 54 jours et les professeurs ont même procédé à une grève de la faim. Déclarant la mobilisation illégale, le Tribunal de Justice Régionale a obligé les enseignants à reprendre le chemin de leurs classes. À Bahia, l’arrêt des cours a dépassé les 100 jours et le ministère de l’Education organise actuellement des cours en amphithéâtres dans lesquels quelques 400 élèves se préparent aux épreuves du ENEM, l’examen qui conclue l’enseignement secondaire et compte pour l’accès à l’université.

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(Crédits : Gauthier Berthélémy)

Des étudiants partagés

Pour beaucoup, l’incertitude sur la durée du mouvement inquiète. Les négociations n’avancent pas et sont parfois même annulées donnant l’impression que le gouvernement cherche à enterrer le mouvement de grève. Cette stratégie avait fonctionné en 2010, lorsque les personnels techniques et administratifs avaient abandonné après 4 mois de blocage.

Chez les étudiants, la détermination des grévistes d’aujourd’hui ravive ces souvenirs, et déjà on pense aux conséquences. Larissa Andrade, étudiante en psychologie à l’Université Fédérale de Bahia, comprend et soutient le mouvement tout en espérant que les parties trouveront rapidement une issue. « Le problème est qu’ils n’ont pas laissé les vacataires terminer leurs cours, le retard est énorme, » explique l’étudiante ajoutant : « les rattrapages vont se faire dans la précipitation et le semestre prochain sera plus lourd voire même sans vacances ».

Interpellée par des étudiants lors d’un déplacement à Rio de Janeiro la semaine dernière, Dilma Rousseff a affirmé avoir conscience de l’ampleur du mouvement et que le gouvernement travaille sur les revendications des professeurs, étudiants et personnels des universités publiques.

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