L’Harmattan, février 2010, 298 pages, 29 euros
Au terme d’une enquête minutieuse, située au carrefour de l’anthropologie du droit et de l’histoire du politique, il établit la genèse des dispositifs juridiques accompagnant, justifiant, et encadrant l’action des pouvoirs publics, depuis l’apparition des premières favelas jusqu’à nos jours. Rafael Soares Gonçalves invite le lecteur à le suivre sur ce terrain mouvant, où les mots glissent de sens selon l’usage qui en est fait (qu’il soit populaire, scientifique ou juridique), et où les politiques se retournent bien souvent contre elles-mêmes (ainsi, les premières lois, tout en cherchant à éliminer les favelas, ont paradoxalement contribué à leur reconnaissance).
Il fait prendre au lecteur la mesure de l’évolution conjointe des politiques et des représentations depuis un siècle : si un discours populiste a longtemps servi à justifier l’ignorance du problème ou la volonté de le masquer ou de l’éradiquer, c’est aujourd’hui un discours démocratique qui porte la réflexion sur la réhabilitation et la régularisation. Pour autant, le clientélisme a bien du mal à céder la place à une démocratie véritable : si les favelados attendent des droits plutôt que des faveurs, la régularisation foncière ne reconnaît toujours pas le « droit à la ville » des favelados.
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