Les Indiens assurent la protection de 3,5 millions d’hectares de forêt Publication d’une étude sur la déforestation des Terres Indiennes

 | Par Maurício Hashizume

<img407|left> Sans la résistance des tribus indiennes, 3,5 millions d’hectares de forêt Amazonienne, aujourd’hui préservés, auraient été totalement dévastés. Cette estimation est l’une des données les plus importantes contenue dans l’étude réalisée par la Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie brésilienne (COIAB). Elle a pour source l’estimation de ce que seraient les taux de déforestation [1] dans l’hypothèse où il n’y aurait pas de Terres Indiennes (TI) dans la région.

Le "Diagnostic sur les Terres Indiennes menacées en Amazonie", divulgué le 15 février 2006, montre que 74% des TI ont encore un taux de déforestation moindre que dans le reste du territoire. "La pression est forte et nous résistons. Mais jusqu’à quand pourrons-nous supporter cela ?" demande João Neves, de la tribu Galibi-Marworno, coordinateur du département ethno-environnemental de la COIAB. D’après lui, l’écart entre la part de l’aide publique consacrée aux Unités de Conservation (UC) et celle accordée aux TI rend compte des difficultés auxquelles sont confrontés les Indiens. Concernant les UC, la moyenne est de R$ 1,02 par hectare tandis que pour les aires indiennes, cet indice tombe à R$ 0,57 par hectare. Malgré cela, le rapport réalisé en collaboration avec l’ONG Institut de Conservation de l’Environnement (TNC), révèle que le taux de déforestation dans les UC fédérales est de 1,52%, tandis que dans les TI il chute à 1,10%. Il faut souligner également que les TI occupent 90 millions d’hectares de forêt, soit 20% du territoire de l’Amazonie brésilienne, alors que les UC fédérales représentent 65 millions d’hectares.

Dans certains cas spécifiques, cette tendance à la préservation des terres faisant partie des TI est évidente. Si on prenait en compte les activités responsables de la déforestation, le taux de déforestation estimé serait d’approximativement 19% des domaines intérieurs. Les chercheurs, avec la participation des tribus indiennes locales, ont constaté un taux de déforestation d’à peine 0,9%.

"Les tribus indiennes travaillent en pensant à l’avenir. Les domaines ne sont pas faits pour être exploités, pour gagner de l’argent. La monoculture est la principale cause de la dévastation de l’Amazonie. Avec les populations indiennes cela n’a pas lieu, car les domaines sont constitués à petite échelle pour assurer la subsistance de la famille. Ils sont cultivés puis abandonnés pour que les arbres repoussent sur le lieu à nouveau.", explique Jecinaldo Barbosa Cabral de la tribu Saterê Mawé, coordinateur général de la Coiab. "Le savoir-faire de l’indien pour cultiver la terre est traditionnel. Historiquement, les territoires indiens possèdent cette sagesse qui leur permet de cohabiter avec l’environnement, la terre est sacrée pour la subsistance, la terre est la mère ; on en tire ce qui se boit et ce qui se mange."

Le principal apport de l’étude se trouve dans le croisement entre des données de géographiques, recueillies grâce à des images satellites, et des informations sur la réalité au niveau local, fournies par les associations de base de la Coiab [2]. Les populations indiennes ont participé par l’élaboration du formulaire appliqué aux communautés ainsi que par le relevé automatique de données effectué par les jeunes indiens ayant suivi des cours de formation. Le département ethno-environnemental de l’organisation est par ailleurs en train de développer son propre système d’information géographique dans le but d’élaborer des diagnostics, des projets environnementaux futurs et du monitoring .

Le coordinateur des Politiques Publiques Indiennes et Indigénistes du TNC, Hélcio de Souza, affirme que ce rapport, fruit d’un travail de deux ans, est une priorité pour l’organisation. Il observe que «  ces dernières années, le rôle des Terres indiennes dans la protection de l’Amazonie, mais aussi d’autres écosystèmes comme le Cerrado, la Caatinga et le Pantanal, a été mis en évidence. ».

Le rapport, d’après les représentants de la Coiab, prouve une nouvelle fois que les homologations de Terres indiennes sont essentielles pour la préservation de l’Amazonie, et que les investissements dans le secteur de la préservation de la part du gouvernement sont nécessaires. Ils demandent des aides spécifiques du Fond Global pour l’Environnement (GEF), géré par la Banque Mondiale, afin de mettre en place avec les Indiens, des stratégies de sauvegarde des TI en tenant compte des réalités spécifiques, comme c’est déjà la cas dans la Terre indienne de São Marcos, dans l’Etat de Roraima.

Malheureusement, les politiques actuelles n’ont pu empêcher l’invasion des TI et l’exploitation des ressources naturelles des ces territoires, raconte le coordinateur de l’organisation. « Il y a un risque important dans certaines communautés, fragiles face à l’agrobusiness », soutient Barbosa, insistant sur la vulnérabilité face à l’action des grileiros [3], des forestiers , des propriétaires terriens, etc., surtout dans la région appelée l’Arc de la déforestation. « La réalité est dure. Mais ce n’est pas que la belle forêt qui doit être préservée. Les populations indiennes paient très cher, par les effets sur leur cultures, sur leurs valeurs » rappelle-t-il, renvoyant à la question essentielle de la reconnaissance et de la valorisation du facteur humain dans la protection des TI. Trois Indiens sur cinq vivant au Brésil se trouvent dans la région amazonienne.

Mauricio Hashizume avec la collaboration de Natalia Suzuki

Source : Agência Carta Maior - février 2006

Traduction et mise en forme : Livia Honsel pour Autres Brésils

[1Due à plusieurs facteurs comme la présence de routes, d’accès fluviaux, la densité de la population et l’avancée de certains domaines dévastés

[2Entité qui réunit environ 100 organisations et un total de 165 tribus indiennes provenant de 9 Etats de l’Amazonie

[3Falsificateurs des titres de propriété

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