Qui est Jair Bolsonaro ?
Arte.Tv fait le pari de l’humour :
"Comment le Brésil se prépare à l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro"
Europe 1 et France 24 proposent un panorama des sujets nationaux et des préparations des partis politiques, du moins les courants en superficie.
Jair Bolsonaro semblerait essayer de rassurer une grande partie de ses concitoyens et à l’extérieur. Anecdote de taille, La Croix raconte ’l’opération séduction vers les catholiques" alors que l’objectif reste "plaire aux lobbies de l’agrobusiness [1] et de la puissante Église évangélique, qui ont permis son élection." comme le rappelle France 24. Télérama, s’intéresse au développement de l’idéologie évangélique. [2]
Sur Le Monde Diplomatique, Kumi Naidoo, Secrétaire général d’Amnesty international signe une tribune rappelant qu’il n"y a "Pas de liberté politique sans égalité sociale"." La récente victoire de M. Jair Bolsonaro à l’élection présidentielle brésilienne, malgré un programme ouvertement hostile aux droits fondamentaux, illustre parfaitement les défis que nous devons relever. Si M. Bolsonaro parvient à mettre en œuvre les promesses d’une campagne déshumanisante, son accession au pouvoir menace" aux peuples autochtones [3] et personnes LGBT, aux Quilombolas, entres autres.
Dans ce sens, le magazine Grazia se demande "va-t-on vers une dictature" ? Receuillant les craintes de personnes dans le nord-est du pays, l’article rappelle que le président élu "veut faire un Brésil pour les majorités. Pour le nouveau président, les minorités doivent s’incliner, ou disparaître. Peu s’identifient à la société défendue par le nouveau président. Il l’a dit et redit, pour lui, le Brésil "est un Etat chrétien, et si une minorité s’oppose à cela, alors, qu’elle dégage ! Faisons un Brésil pour les majorités. Les minorités doivent s’incliner devant les majorités ! La loi doit exister pour défendre les majorités. Les minorités doivent s’intégrer ou disparaître !".
Leurs consoeurs à RFI soulignent également l’augmentation des cours d’autodéfense chez les femmes et les personnes LGBT ainsi que celle des mariages entre personnes de même sexe. En effet, le mariage pour tou.tes est menacé et il y a une nette multiplication des aggressions mysogynes, homo- et trans-phobes.
A Sao Paulo, 40 couples se sont mariés. Un acte collectif et politique. Les images peuvent être retrouvées sur le HuffingtonPost ou Euronews
Les Echos résume un énième rebondissement juridico-médiatique en une phrase : "l’ancien président Lula est maintenu en prison et le président sortant est mis en accusation". Dans l’Humanité, plus de perspective apportée par l’article de Cathy dos Santos décrivant le mépris de la loi : le mercredi 19/12, le juge du Tribunal Suprême Fédéral (STF), Marco Aurelio Mello, a ordonné la « la suspension de l’exécution des peines » des condamnés « dont tous les recours ne sont pas encore épuisés ». Cette décision a immédiatement été annulée par le président du STF. Alors que Libération emprunte à O Globo l’expression "anarchie juridique", sur Politis, Jérôme Duval fait le lien avec le coup d’État institutionnel contre Dilma Rousseff.
Le Monde s’intéresse aux "affaires" [4]. qui rattrapent "Jair Bolsonaro, non encore en fonction". La Croix donne la parole à Bolsonaro qui « évoque une possible erreur ».
crédits photo de Valter Campanato/Agência Brasil
Le tour d’horizon montre que la presse s’intéresse à trois domaines.
D’une part, la politique économique ultra-libérale qui sera menée par le "gourou économique" de Bolsonaro. L’expression est utilisée par Le Figaro, Le Point et France 24, notamment.
D’autre part, ce sont la politique étrangère et les relations avec la France qui attirent l’attention. Sur Médiapart blog, Pascale Bonniface met les projecteurs sur l’avenir des BRICS. Mais l’attention est sur le FacebookLive de Bolsonaro qui déclare qu’il serait « insupportable de vivre dans certains endroits en France » à cause des migrants. Une sortie annoncé du pacte mondial sur la migration qui déclenche une « mini-crise » diplomatique avec Paris selon le correspondant des Echos. Elle vient s’ajouter à sa volonté de sortir le Brésil des Accords de Paris. Des annonces qui confirment la stratégie de séduction du carbo-fascisme [5] brésilien envers Donald Trump.
Une brève de l’Agence Reuters [6] vient rappeler que l’état de Roraima est "intégralement" sous intervention fédérale (comprendre militaire) en guise de solution pour gérer l’arrivée de migrants vénézueliens et les tensions dans le système carcéral. Cette intervention, en l’état, s’achève le 31 décembre, le nouveau gouverneur est du même parti que Bolsonaro, le Parti Social Libéral.
Une transition toute faite vers l’Environnement ("et Agriculture ?" les deux ministères sont maintenus) par les invité.es [7] de Christine Ockrent sur « Affaires étrangères »/France Culture. Les experts présentent les obligations de protéger l’Amazonie, les enjeux géopolitiques autour des ressources naturelle et de l’énergie ainsi que les pressions politiques nationales et internationales de l’agro-business.
"C’est le choix de modèle économique que font les grandes entreprises basées en Europe qui rend aussi la situation écologique catastrophique au Brésil" rappelle très justement la chorégraphe Lia Rodrigues invitée avec l’historienne Maud Chirio sur le plateau de Laure Adler, Heure Bleue, France Inter. [8]
Le débat contradictoire d’experts et les compromis irreconciliables entre développement et environnement semblent montrer que "l’on ne résout pas un problème avec les mêmes modes de pensée".
Dernier sujet, quatrième donc, les peuples autochtones [9], derniers protecteurs des écosystèmes. Alors que de nombreux articles se concentrent sur la sortie des Accords de Paris et le rythme accéléré de la déforestation, plus rares sont ceux parlant des menaces à la démarcation, notamment de la réserve Raposa Serra do Sol, pour faire place à l’extractivisme dans l’état de Roraima, en place depuis 2005. Europe1 fait la liste des propositions de Bolsonaro.
Une dernière mise à jour pour ajouter le portfolio du M Le Magazine du Monde sur les Guarani-Kaiowá, "fragiles gardiens d’une terre brésilienne en péril" dans l’état du Mato Grosso. Il se lit avec un article sur le combat des Guarani-Kaiowá pour sauver ce qu’il reste de leur terre