Le terme populiste, né pour désigner, de la part de certains courants de la sociologie politique, des gouvernements comme ceux de Getulio [1] et de Perón [2], a été repris dans le cadre du discours néolibéral pour désigner les politiques considérées comme « irresponsables », « aventureuses », « inflationnistes », qui promeuvent des concessions sociales incompatibles avec les lois d’airain de l’austérité budgétaire. Il s’agirait des concessions fictives, qui finiraient par produire l’effet inverse : l’inflation éroderait le pouvoir d’achat des salaires réajustés ; le déséquilibre budgétaire conduirait à des crises financières qui freineraient la croissance économique ; l’augmentation des impôts et des dépenses de l’État inhiberait la capacité d’investissement, etc. Je ne m’étends pas davantage, parce que ceux qui ont encore la patience de lire les colonnes économiques et d’écouter les personnes interviewées dans les émissions économiques des médias connaissent tout ça par coeur.
Un des écrivains néolibéraux les plus médiatisés d’Amérique Latine, le mexicain Enrique Krauze -récemment interviewé, avec Vargas Llosa, au cours d’un entretien, reproduit dans toute la presse occidentale, dans lequel ces nostalgiques de José María Aznar dénonçaient la politique extérieure du nouveau premier ministre espagnol, José Luis Zapatero—, a écrit pour le quotidien espagnol El País un article intitulé « Décalogue du populisme ibéro-américain », dans lequel il résume les points de vue de ce courant.