Le massacre du quartier de Baixada Fluminense fera l’objet d’enquêtes au niveau national et international (2)

Etant donné la probabilité que les sénateurs fluminenses Saturnino Braga (PT), Sérgio Cabral Filho (PMDB) et Marcelo Crivella (PL), au vu de la gravité de l’affaire, aient également envie de suivre les enquêtes, il est possible qu’une Commission parlementaire mixte liée au massacre du quartier de Baixada Fluminense soit créée au sein du Congrès. Denise Frossard a affirmé que le banc fédéral des députés de Rio doit se réunir mardi prochain (05/04/2005) à Brasília et préparer le cahier des revendications qui sera soumis au ministre Thomaz Bastos : « Nous voulons demander au gouvernement fédéral d’agir de manière à ce que le gouvernement de Rio de Janeiro accepte la création d’un groupe de travail spécial dans l’Etat de Rio, en suivant le même modèle que celui qui a été créé dans l’Etat d’Espírito Santo », dit la députée.

« Profond nettoyage de la police »

Au niveau du législatif de l’Etat de Rio de Janeiro, la Commission des droits de l’homme a décidé de se constituer en assemblée extraordinaire permanente, à compter du lundi 4 avril, afin d’accompagner les enquêtes menées sur les homicides commis dans la Baixada Fluminense. Lors de sa première séance, la Commission devra se prononcer sur la réalisation d’une audience publique au cours de laquelle serait proposée la création d’un collectif composé d’entités de la société civile chargées d’accompagner cette affaire.

Le député Alessandro Molon (PT), écarté de la présidence de la Commission des droits de l’homme de l’Alerj l’année dernière à cause des pressions faites par le sommet de la police, a promis de la rigueur dans les enquêtes : « Il est du devoir des députés des Etats d’exiger la justice et c’est ce que nous allons faire. Nous exigerons un « profond nettoyage » de la police afin qu’une situation similaire ne se reproduise plus », a-t-il affirmé.

En prouvant leur intention de mener de leur propre chef une enquête sur ce massacre, les députés de la Commission ont devancé la police et se sont rendus à Nova Iguaçu ainsi qu’à Queimados afin d’entendre les témoins et les familles des victimes. Le président de la Commission, le député Geraldo Moreira (PSB), allié du gouvernement Rosinha, a critiqué l’état d’abandon dans lequel se trouvent ces personnes. " Tout le monde a peur et il n’y a personne dans les rues. Et de nombreuses personnes ont reproché avec indignation le fait qu’aucune patrouille de police n’ait pris la peine de passer par là. Le manque de présence policière génère encore plus de peur chez ces personnes" a-t-il dit.

Dénonciations auprès de l’ONU et de l’OEA

Les dénonciations contre la police de Rio de Janeiro provoquées par la tuerie du quartier de Baixada Fluminense devraient être adressées à l’étranger dans le courant de la semaine. L’ONG Justice Globale a annoncé que le rapporteur spécial sur les exécutions sommaires de l’ONU, Philip Alston, sera informé de ce qui s’est produit lors de ce massacre et qu’une déclaration de la part de ce dernier serait sollicitée face aux gouvernements étatique et fédéral, soulignant sa désapprobation et exigeant une vérification détaillée et rigoureuse de cette affaire. Une sollicitation similaire sera faite par l’ONG auprès de la Commission Interaméricaine des droits de l’homme de l’OEA.

A l’origine du lancement d’un rapport sur la violence policière à Rio de Janeiro, montrant que la police a tué plus de mille personnes dans l’Etat en 2003 (fait qui s’est presque reproduit en 2004), l’ONG Justice Globale a fait circuler une note exigeant des enquêtes approfondies sur les actions des policiers. « Nous ne pouvons pas considérer ce massacre comme étant un cas isolé et en dehors du contexte de violence policière qui se répand dans l’ensemble de l’Etat de Rio de Janeiro, notamment dans les régions les plus pauvres, dépourvues de citoyenneté », précisait la note.

Amnesty International, qui a divulgué cette année des rapports condamnant la situation des peuples indigènes et les actions du pouvoir judiciaire au Brésil, a transmis des notes dans de nombreux pays en condamnant la tuerie et en accusant les « Escadrons de la mort », formés au sein des équipes de police de Rio de Janeiro, d’en être les responsables actifs. Cette note cite les massacres mondialement connus de la Candelária et de Vigário Geral, tous deux perpétrés en 1993 et dont les responsables n’ont, encore à ce jour, toujours pas été suffisamment punis par la justice, rappelant ainsi que l’impunité est encore d’actualité dans la plupart des cas liés à la violence policière à Rio de Janeiro.

Par Maurício Thuswohl - Agência Carta Maior - 04/04/2005

Traduction : Jean Jacques Roubion pour Autres Brésils

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