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"Le palmier est une ressource indigène. Les grands propriétaires
terriens n’achètent pas de babassu. Ils ne s’intéressent qu’au terrain",
explique Antonia Vieria de Sousa, une cueilleuse de noix de quarante
ans. Sa collègue, Domingas Fátima Freitas, de la communauté Jatobá dans
l’Etat de Piauí, explique les implications de l’incinération du babassu
: "Tout le monde est au chômage dans les endroits où l’on incinère les
noix de babassu dans leur totalité. Seules six personnes engagées pour
les récolter et les brûler ont du travail. Les femmes sont en train de
se ruiner. Si les compagnies continuent à brûler le babassu, les femmes
vont cesser d’être des briseuses de babassu et redeviendront de simples
employées comme dans le passé. À cette époque, nous passions six heures
à récolter 10 kg de babassu. Nous devions en donner cinq kilos au
propriétaire du terrain pour gagner 26 dollars à la fin de la journée. À
quoi ressemblera la forêt dans quelques années si les compagnies
récupèrent toutes les coquilles de babassu pour les brûler ? Nous savons
que nous devons préserver le babassu pour en vivre. Ça, les grandes
compagnies s’en fichent".
Le mouvement des briseuses de babassu
Elles sont des centaines de milliers, dans les États de Maranhão,
Piauí, Tocantins et Pará, à vivre sur de petites parcelles de terre et à
se battre pour nourrir leur famille. Avec les noix de babassu, elles
fabriquent de l’huile, du savon, de la farine, du charbon, des toits,
des paniers, des éventails et d’autres objets d’artisanat local. Mais
depuis quelques années, le babassu n’est plus une source de revenu
accessible et abondante. La majorité des palmiers se trouvent en effet
sur des terres privées et les femmes n’ont actuellement accès qu’à la
moitié des noix qu’elles récoltaient auparavant. Leur commerce est
devenu précaire et leur futur incertain.
Encouragés par des pratiques gouvernementales injustes, les nouveaux
propriétaires terriens arrachent les palmiers, pour y élever du bétail.
En outre, ces dernières années, avec le développement de l’agrobusiness,
de nouvelles menaces sont apparues, comme l’élimination des arbres
babassu en faveur de la culture du soja ou de la production d’agrocarburants. L’intérêt que l’industrie de la métallurgie porte aux
coquilles de noix comme combustible végétal augmente également la
demande de cette précieuse ressource naturelle. Or, l’incinération de la
noix dans sa totalité restreint et empêche d’autres utilisations
essentielles, comme la transformation en huile, savon ou farine. Et
comme les coquilles ont désormais plus de valeur que la noix, les femmes
sont, une fois de plus, écartées du marché.
Après des années de conflit entre les fermiers et les grands
propriétaires, les femmes ont toutefois osé se battre pour le babassu.
Elles ont fondé des organisations qui représentent leurs intérêts,
améliorent leurs conditions de travail et commercialisent leurs
produits. Elles se sont également organisées pour lutter contre la
pauvreté et défendre leurs droits. Ainsi, au début des années 90, elles
ont organisé la première réunion interétatique de cueilleuses de noix de
babassu et en 2001, elles ont créé le Mouvement interétatique des
briseuses de babassu (MIQCB). L’objectif de ce mouvement a d’abord été de
reconnaître politiquement le travail des noix de babassu comme une
activité économique à part entière, et en même temps, comme une source
de pouvoir politique et personnel pour les femmes, ainsi qu’une lutte
pour la protection de l’environnement. Aujourd’hui, en essayant de
protéger ces arbres, ce mouvement défend le droit de ces femmes à vivre
sur la terre de leurs ancêtres et par extension, leur droit à
l’alimentation.
Une loi pour protéger le babassu
Ces cinq dernières années, des avancées ont ainsi été obtenues. Les
femmes ont trouvé un moyen de contrer juridiquement les pratiques des
grands propriétaires terriens, notamment par l’adoption d’une loi pour
protéger le babassu. Cette loi permet aux cueilleuses de babassu
d’accéder librement aux palmiers, même s’ils se trouvent dans une
propriété privée. Elle garantit aux briseuses le droit d’utiliser
librement ces noix pour nourrir leur famille et contribuer à l’économie
de la communauté. Cette loi garantit également la préservation de
l’arbre babassu, en interdisant la déforestation, l’utilisation de
pesticides et l’exploitation de cultures qui lui sont néfastes. Cette
loi est actuellement en vigueur dans 13 municipalités, dans trois des
cinq États où pousse la babassu (Maranhão, Tocantins et Pará). Mais,
faute d’accord au niveau national, elle ne garantit pas suffisamment sa
protection. Ce que réclament les briseuses de babassu brésiliennes,
c’est donc que cette loi soit garantie dans toutes les municipalités et
dans tous les États concernés, par le biais d’une législation nationale.
Une proposition de loi nationale a été présentée au Congrès. Soutenez
les briseuses de babassu en demandant aux autorités brésiliennes son
adoption.
Appel réalisé en lien avec ActionAid Brésil
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dans le cadre de la campagne HungerFree.
Cet Appel urgent du Réseau-Solidarité de Peuples Solidaires a été réalisé, dans le cadre du programme “Droit au
développement pour tous” du CRID, avec l’aide financière de l’Union
européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité du CRID et de
Peuples Solidaires et ne peut en aucun cas être considéré comme
reflétant la position du ministère des Affaires étrangères français ou
de l’Union européenne.
ÉCRIVEZ !
Par lettre : téléchargez le modèle
http://www.peuples-solidaires.org/IMG/rtf/LETTRE_313.rtf
Envoyez au destinataire, sans oublier d’inscrire vos coordonnées et de
signer. Timbre : 0,85€
Lettre de soutien : pour que le MIQCB ait un aperçu concret des
soutiens sur lesquels il peut s’appuyer, retournez-lui votre coupon !
E-mail : Envoyez une lettre par e-mail :
http://www.peuples-solidaires.org/rubrique165
Délai de réaction : dès réception, et jusqu’au 28 février 2008.
Télécharger l’appel et les modèles de lettres en un seul fichier pdf :
http://www.peuples-solidaires.org/IMG/pdf/PDF-313.pdf
Le Réseau-Solidarité de Peuples Solidaires
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