C’est la dernière mesure du gouvernement intérimaire brésilien de Michel Temer. Le 16 octobre, il a modifié, sans concertation préalable et sans aucun vote, la définition juridique du travail esclave. Selon le nouveau texte, il faudra désormais que les travailleurs exploités soient empêchés d’aller et venir librement, en cas de menaces physiques ou d’isolement extrême par exemple, pour qu’une situation de travail esclave puisse être caractérisée. Des conditions de travail particulièrement dégradantes ne seront plus suffisantes comme critère de qualification.
Le Brésil avait mis en place au tout début des années 2000 un plan national d’éradication du travail esclave, avec notamment la publication annuelle d’une liste d’employeurs pris en flagrant délit de surexploitation sévère de travailleurs. La plupart des cas de travail esclave constatés depuis au Brésil le sont dans les secteurs de l’agriculture et de la construction. Mais des grandes entreprises internationales sont aussi concernées. Des cas de travail esclave avaient été constatés dans des usines de la chaîne de prêt à porter du groupe espagnol Zara et sur le chantier du barrage hydroélectrique de Jirau, en Amazonie, un projet de l’entreprise française Engie.
Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale du travail (OIT), 25 millions de personnes sont victimes de travail forcé dans le monde, dont 16 millions dans le secteur privé, comme le travail domestique, la construction ou l’agriculture – 4,8 millions sont victimes d’exploitation sexuelle et 4 millions astreintes à des travaux forcés imposés par les autorités publiques...