Qu’est-ce que l’émergence du Brésil ? Le Brésil est passé de « pays du tiers monde », dans les années 1950-60, à « nouveau pays industriel » - NPI, dans les années 1970, puis à « pays à bas salaires et à capacité technologique - PBSCT » (Giraud, 1996), avant de devenir « émergent » dans les années 2000. Le terme d’émergence a d’abord été utilisé par les économistes pour indiquer un PIB en forte augmentation, une place croissante dans le commerce international et dans les investissements directs étrangers. L’expression est reprise ensuite par les géopoliticiens qui indiquent par là le passage de « puissance régionale » à celui « d’acteur global » dans le contexte de la mondialisation (Messias, 2012).
Ce qui distingue les pays émergents des pays développés c’est qu’ils n’ont pas atteint un stade équilibré de développement du fait, notamment, de structures institutionnelles faibles, de politiques hésitantes (pas moins de 30 partis au Brésil) et de très fortes inégalités sociales. Dans le cas du Brésil, il s’y ajoute la faiblesse du commerce extérieur qui représente 17% du PIB contre 60% dans le cas de la Chine. Malgré ces handicaps, l’optimisme reste de rigueur du fait d’une souplesse sociale qui se manifeste par une importante capacité d’adaptation et de créativité, doublée d’une véritable mobilité sociale et spatiale. Des succès significatifs sont à remarquer dans des secteurs tels que l’agroénergie, l’exploitation minière, le pétrole off-shore, l’aéronautique, les conglomérats bancaires géants, les médicaments génériques, les cosmétiques etc…
Selon certains observateurs, le Brésil serait toutefois encore à la recherche d’un projet stratégique d’ensemble, sa croissance étant depuis plusieurs années soutenue par une vision plus géopolitique que géoéconomique, basée davantage sur la puissance que sur la compétitivité.
En 2008, le Brésil pointait au 8ème rang des puissances économiques mondiales ; en 2011, il se hissa même à la 6ème place, avec un PIB à 2 400 milliards de dollars (la France était alors au 5ème rang avec 2 450 milliards de dollars). Mais la situation fluctue au rythme des prix du soja et du fer ou de l’évolution du dollar, et les résultats des années 2013 et 2014 sont à la baisse. De plus, avec ses 200 millions d’habitants, le PIB par tête n’est encore qu’à 12 000 dollars par an, c’est-à-dire au 76ème rang mondial (contre 44 000 en France). Des retards de développement demeurent : 12% de la population est analphabète et la moyenne d’années d’études pour les plus de 15 ans atteint à peine sept années, ce qui place le Brésil à la 84ème place pour l’indice de développement humain (IDH).
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