LE BRESIL RESISTE. LUTTER N’EST PAS UN CRIME ! Les données de la société civile brésilienne

 | Par Autres Brésils

Alors que la "saison" électorale sera pleinement engagée, la troisième édition du Baromètre revient sur les quatre dernières années pour mettre en lumière des informations et des données trop souvent « invisibilisées ». Le constat est sans appel, la situation des droits humains et de l’environnement s’est aggravée au Brésil.

Qu’elles sont les données disponibles ? Quelles explications peut-on trouver à cette tendance globale ?

La troisième édition du Barômetre peut être téléchargée sur le site de la Coalition Solidairté Brésil

QUELQUES PRÉCISIONS CONCERNANT LES DONNÉES RÉCOLTÉES
Comme vous le savez, Autres Brésils est membre de la Coalition Solidarité Brésil, formée de 17 organisations françaises de solidarité internationale, dont l’objectif est de relayer le cri d’alerte d’organisations au Brésil face à la détérioration de la démocratie et l’augmentation des violations des droits humains et environnementaux dans le pays.
 
Ce Baromètre est un outil construit en collaboration avec l’Observatoire de la démocratie brésilienne produit par Autres Brésils, qui rassemble des données précises pour comprendre et étudier les menaces qui pèsent sur les mouvements sociaux brésiliens.
 
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QUE NOUS DIT CE BAROMETRE ?

  • Récolter des données, un parcours semé d’embûches. La collecte de données durant l’année 2020 s’est heurtée à deux types de difficultés : d’une part le gouvernement de Bolsonaro cherche sciemment à cacher, déformer ou supprimer les informations qui porteraient préjudice à son image, diminuant les budgets alloués à la recherche et à la production de statistiques ; d’autre part la pandémie et les semi-confinements ont limité les déplacements et donc la possibilité parfois d’aller recueillir les données au plus près du terrain.
  • Malgré ces limitations réelles, la société civile, alliée au monde de la recherche et des universités publiques, s’est illustrée par sa persévérance à vouloir renseigner les violations des droits humains commises tout au long de l’année. Parfois sans aucun financement, des données préliminaires concernant l’année 2020 ont été publiées (comme l’a fait l’Institut Brésilien de Géographie et des Statistiques). Cet effort académique et militant est à souligner, car c’est grâce à lui qu’un tel Baromètre peut voir le jour.
Nous rendons ici hommage au courage, le professionnalisme et la ténacité sont ceux des organisations de la société civile brésilienne surle terrain. Elles travaillent à récolter les informations et à documenter les violations des droits humains, à les analyser avec grande rigueur, au péril de leur vie. C’est le cas de Bruno Pereira et Dom Phillips, assassinés début juin 2022.
  • Une vision générale, sans prétention à l’exhaustivité : la force de ce Baromètre consiste à aborder et rassembler dans un même document diverses thématiques, donnant à voir un panorama le plus ample possible de la situation des droits humains au Brésil. Cependant, il ne prétend pas à l’exhaustivité, de nombreux autres focus auraient pu être choisis. Cette année la pandémie a particulièrement mis sur le devant de la scène la question de la précarité économique et alimentaire.
  • Cette année en revanche, il a été décidé de ne pas proposer de fiche Logement, car il n’y a pas de nouvelles données accessibles : le recensement prévu en 2020 a été reporté [1] et sa méthodologie modifiée par Bolsonaro, privant le pays de nombreuses données actualisées. La question du logement est cependant cruciale et en trame de fond de nombreuses fiches (quand sont évoquées les conditions de vie des femmes ou les expulsions de telle ou telle communauté par exemple).

Rien de nouveau, mais tout s’est aggravé

  • La pandémie ne peut être une excuse ! Si la pandémie de la Covid-19 et l’arrêt de nombreuses activités économiques peuvent fournir un premier élément d’explication à la détérioration des conditions de vie de nombreux.ses Brésilien.ne.s, l’impact de cette crise sanitaire est à lire à la lumière d’un contexte du pays déjà fortement en crise à de multiples niveaux. La pandémie est venue frapper un Brésil fortement affaibli par de nombreuses réformes néolibérales, démantelant les droits les plus fondamentaux. Elle est venue exacerber des inégalités déjà bien ancrées. Par ailleurs, la mauvaise gestion du gouvernement a été criante durant l’année 2020, se traduisant souvent par une inaction et une incapacité à atténuer les effets de la crise et à prendre en compte les besoins spécifiques des populations les plus exclues, à commencer par les peuples autochtones.
  • Une permanente incitation à la violence ciblant les populations les plus exclues : ce Baromètre montre à quel point le comportement et les choix politiques du Président et des membres de son gouvernement portent directement atteinte aux droits des populations les plus exclues. A travers des discours incitant à la haine et à la violence, des lois liberticides, des politiques publiques inadaptées, ils attaquent particulièrement certains segments de la population : les peuples autochtones, les communautés paysannes et traditionnelles, les femmes, les personnes LGBTQI+, les populations noires et des quartiers périphériques etc. Plus encore que le premier Baromètre, celui-ci montre donc les effets concrets de la politique du gouvernement de Bolsonaro sur les droits humains et l’environnement.
  • La responsabilité des acteurs économiques : plusieurs fiches font allusion à l’impunité totale avec laquelle agissent les entreprises, et en particulier les entreprises multinationales, sur les territoires. Dommages causés à l’environnement, conflits fonciers ou autour de l’eau, conditions de travail dégradées, la liste est longue et montre l’irresponsabilité de nombreux acteurs économiques guidés uniquement par la notion de profit et de rentabilité. Depuis mars 2017, la France s’est dotée d’une loi qui impose aux grandes entreprises françaises un devoir de vigilance sur leurs activités et celles de leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants. Ce Baromètre rappelle l’importance qu’elle soit respectée, appliquée et étendue au niveau européen et international.
  • De façon transversale, des questions structurelles non-résolues : tout comme en 2019, on observe dans ce Baromètre que le niveau de violence augmente lorsque l’on croise les différentes causes de discrimination possibles. Les questions de racisme et de violences de genre sont ainsi structurelles. Dans chaque fiche, des données spécifiques permettent de vérifier cette intersectionnalité.

Comment la société civile résiste-t-elle ?

Une criminalisation croissante : en recueillant des informations pour ce Baromètre, il était frappant d’écouter de la part des mouvements sociaux brésiliens à quel point ils se sentent menacés, attaqués, voire violentés. Leur action est de plus en plus risquée et entravée par un gouvernement qui les considère comme des “terroristes “ à combattre. Il faut donc saluer en premier lieu la résistance et la persévérance de ces acteurs sur le terrain.

Une société civile qui ne baisse pas les bras : le choix a été fait dans ce Baromètre de mettre en avant des exemples de résistance. Ils illustrent une perception de la Coalition Solidarité Brésil, celle d’une société civile très engagée, très mobilisée, qui ne baisse pas les bras et sait faire preuve d’une grande créativité dans la manière de se mobiliser sur les territoires. A travers des manifestations spontanées, des collectifs locaux, des articulations nationales ou internationales, cette société civile fait preuve d’un vrai dynamisme et d’une vraie force. C’est particulièrement visible pendant la pandémie, les mouvements et organisations sociales constituant souvent le seul recours pour les populations démunies, face à l’inaction de l’État. Une multiplicité d’actions communautaires, témoignant d’une réelle inventivité, voient donc le jour depuis mars 2020.

Une stratégie d’occupation des espaces de démocratie formelle : si la mobilisation de la société civile est avant tout communautaire et ancrée sur les territoires, elle a aussi touché la sphère politique plus traditionnelle. Les élections municipales de novembre 2020 ont été marquées par un nombre important de candidatures noires, autochtones, de femmes ou personnes LGBTQI+. Couronnées par un succès, ces candidatures présagent une vraie dispute du pouvoir au niveau des espaces municipaux.

Un travail articulé : pour mener toutes ces actions, les organisations et mouvements sociaux ont su jouer la carte du collectif. De nombreux efforts d’articulation sont visibles, se matérialisant à travers des plateformes, des cartographies communes ou des réseaux qui s’appuient sur la complémentarité de leurs membres.

Ce Baromètre se fait donc l’écho de cris d’alerte face aux violations des droits humains, commises en toute impunité, mais aussi le reflet d’une société civile brésilienne qui résiste, invente, se mobilise sur les territoires. La Coalition Solidarité Brésil est engagée à ses côtés.

Le Brésil résiste, lutter n’est pas un crime !

Voir en ligne : Le Brésil Résiste

Manifestation politique en hommage à Marielle Franco, assassinée en mars 2018.
photo (c) Midia Ninja

[1Il est prévu en 2022

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