L’éthanol : une énergie « propre » et « renouvelable » ?

 | Par Maria Luisa Mendonça

ENTRETIEN AVEC MARIA LUiSA MENDONÇA, COORDONATRICE DU RESEAU SOCIAL EN MATIERE DE JUSTICE ET DE DROITS DE L’HOMME

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Photo de Philippe Revelli

Source

Traduction : Monica SESSIN pour Autres Brésils


Fondation Heinrich Böll : Quel serait le profil des travailleurs de l’industrie de la canne à sucre au Brésil ?

Maria Luisa Mendonça : Une masse de chômeurs vivant à la périphérie des villes, ou des paysans ayant perdu leurs terres du fait de l’avancée de l’agrobusiness. Nombre de ces migrants viennent de zones paupérisées du Nordeste ou du Vale do Jequitinhonha, dans le Minas Gerais.
Le chômage causé par un modèle agricole basé sur la monoculture et la grande propriété accroît le contingent de travailleurs contraints de travailler dans des lieux éloignés de leur coin d’origine, dans des conditions extrêmement précaires.
Dans la région sucrière, les fameuses cités-dortoirs où les travailleurs migrants vivent dans des cages à lapin, des baraquements ou des “pensions”, sont en augmentation. Malgré la précarité ambiante, les coûts en matière de logement et d’alimentation sont très au-dessus de la moyenne payée par l’ensemble de la population. Aussi bien les logements sur le site des entreprises, que les “pensions”, sont des baraquements ou des hangars improvisés, surpeuplés, sans ventilation ni conditions d’hygiène minimum.
La coupe mécanisée est devenue la référence en termes de quantité coupée par les travailleurs, passant de 5 à 6 tonnes par jour et par travailleur dans les années 80, à 9 à 10 tonnes par jour dans les années 90. Aujourd’hui on constate que les industries exigent de 12 à 15 tonnes par jour, surtout dans les régions où la cadence des machines est désormais la référence en termes de rendement.
Pour un travailleur, ne pas atteindre le quota signifie le plus souvent qu’il sera renvoyé et figurera sur une liste circulant dans les différentes entreprises, le privant d’y retravailler lors de la récolte suivante.
La hausse du seuil minimum de coupe de canne à sucre a entraîné une forte réduction du nombre de femmes exécutant cette tâche. En outre, la double journée (les contraintes du travail de la canne, les tâches domestiques et l’éducation et l’attention prodiguée aux enfants) se traduisent par un effort beaucoup plus grand à fournir de la part des femmes qui, malgré toutes ces difficultés, assurent ce dur labeur. Et les industries ne cessent de restreindre le travail en exigeant, en outre, que les femmes soient “opérées”, c’est-à-dire, dans l’impossibilité d’avoir des enfants.
La majorité des travailleurs n’a pas le contrôle de la pesée ou du métrage de leur production quotidienne, qui sont effectués par l’employeur. De nombreuses plaintes montrent que ces données font l’objet de « tripatouillages » et de fraudes de leur part qui, ainsi, paient moins que ce à quoi les travailleurs auraient droit.
La “catastrophe” que constitue de perdre son l’emploi, faute d’avoir rempli l’objectif de 10 à 12 tonnes de coupe par jour, et l’impossibilité de rentrer chez soi avec quelque pécule pour sa famille, font que nombre de travailleurs “fuient ou “disparaissent de la circulation”, migrent à nouveau (bien souvent dans la région Centre-Ouest) ou cherchent des travaux temporaires aux périphéries des centres urbains. Ce processus génère une catégorie de travailleurs “itinérants”.
Le système de repos dans ces industries est de “5 pour 1”, c’est-à-dire que les travailleurs ont un jour chômé pour cinq jours ouvrés. Ce qui signifie qu’à chaque jour de repos, seul un groupe relativement restreint de travailleurs peut se réunir, rendant difficiles toute vie sociale, familiale et organisation politique. La plupart des jours de congé ne le sont pas en fin de semaine, où les travailleurs auraient de plus grandes possibilités de donner cours à ces activités. Ce système exclut de pouvoir exiger de ces industries, qu’elles paient des heures supplémentaires le week-end.

[...]



Lire l’entretien en entier :

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