Au Brésil, des tribus indigènes utilisent les nouvelles technologies pour défendre leurs droits et leurs traditions.
Rencontre avec l’un de leurs leaders, Jaborandy, à Paris, à l’occasion du festival Brésil en Mouvements 2011.
Source : Youphil - 08 Juillet 2011
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Jusqu’à ses 20 ans, il n’avait jamais touché un ordinateur. Comme tous les hommes de son village, situé dans le nord-est du Brésil, au sud de l’Etat de Bahia, Jaborandy Yandê se levait le matin à 3h pour partir à la pêche jusqu’à 20h, trois jours par semaine. Le reste du temps, ce jeune homme, qui arbore un sourire timide et des bras couverts de tatouages traditionnels, travaillait dans les champs de manioc.
Dans sa nouvelle vie, ce geek de 27 ans porte des jeans larges, des tee-shirts affichant le nom de son peuple ("Tupinambá de Olivença"), se sent à l’aise face aux flashs d’un photographe, donne des interviews.
Ce changement, il le doit à l’ONG brésilienne Thydewa, qui gère le réseau Indiosonline, et qu’il a rejoint en 2004. Leur objectif ? Faire du web, des téléphones portables et des caméras de poche de nouveaux instruments de lutte pour défendre l’identité et les terres des Indigènes. « J’ai tout de suite aimé les ordinateurs, envoyer des mails, communiquer avec d’autres communautés », se souvient Jaborandy.
Son nouveau job, « agent socio-digital », consiste à se rendre dans les villages indigènes du Nordeste brésilien pour faire ce que les Anglo-Saxons nomment l’"empowerment", cette activité visant à donner à des populations démunies les moyens de se faire entendre.
Malgré une connexion parfois défaillante, ce réseau offre aux villageois la possibilité de dialoguer entre différentes tribus sur un tchat commun.Vingt-six ethnies participent à ce projet, soutenu par des programmes gouvernementaux d’aide aux populations indigènes.
Plusieurs responsables – un par zone géographique – organisent des tchats thématiques chaque jour, sur la santé, les territoires, l’éducation…