Idéologies et pratiques du développement en Amazonie

Philippe Léna est géographe et sociologue. Directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement, il étudie depuis plus de 20 ans les fronts de colonisation de l’Amazonie brésilienne. Du peuplement de la forêt organisé par la dictature militaire au boom actuel du soja, il revient pour EcoRev’ sur les ressorts sociaux, économiques et politiques qui font de cette région une source permanente de tensions.Les assassinats fréquents de militants de l’environnement et des droits de l’homme nous le rappellent et la mort de la soeur Dorothy, une religieuse américaine, a même réveillé le gouvernement Lula, jusqu’à présent plus soucieux de croissance économique que d’apaisement dans la forêt. Pour Philippe Léna, les raisons d’espérer existent, notamment l’essor du modèle socioambiental (socio-environnemental).

EcoRev’ - De quels modèles de développement parle-t-on en Amazonie ?

Philippe Léna - Dès les années 60, l’état met en place un vaste Programme d’Intégration Nationale, qui se traduit par une dynamique sans précédent d’occupation territoriale et d’exploitation des ressources. Il s’agit d’un régime militaire (1964-1985), autoritaire et centralisé. Le modèle est clairement développementiste, modernisateur, et fait peu de cas des populations traditionnelles ou de l’environnement. L’état ouvre des routes, comme la Transamazonienne, le long desquelles il crée des projets de colonisation pour les agriculteurs familiaux sans terre du Nordeste ou les minifundistes du Sud ; il donne des aides fiscales aux entreprises et aux grands propriétaires pour développer un élevage bovin extensif. L’exploitation du bois va suivre cette frontière en expansion et même la précéder parfois. Les populations traditionnelles - ribeirinhos, riverains des fleuves, castanheiros et seringueiros, populations extractivistes vivant des produits de la forêt, en l’occurrence les noix et le caoutchouc - et les populations indigènes, ont vu leurs terres menacées, souvent occupées et appropriées par des grands propriétaires ou des petits agriculteurs, envahies par des exploitants de bois ou des chercheurs d’or. Dans les zones de colonisation agricole, la concentration foncière s’est accélérée.

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