Flatté par l’OIT, le Brésil pêche dans le combat au travail esclave (1)

<img179|left> Au Brésil, l’expression utilisée pour le travail forcé et le recrutement coercitif à fins d’exploration économique est « travail esclave ». Surtout dans les zones rurales - mais aussi dans les grandes villes, hommes, femmes et enfants sont soumis à des conditions dégradantes de travail et sont privés de liberté par ce qui est actuellement appelé « servitude par endettement ». Ces gens sont l’objet du trafic réalisé par des intermédiaires de main-d’œuvre connus comme « gatos » [chats] qui recrutent des travailleurs dans des villes où la pauvreté et le chômage sont importants. Ces « gatos » leurs promettent un bon salaire en échange d’un travail dur, pour après les conduire vers des zones éloignées du centre ville. Une fois sur place, ils découvrent que les salaires promis ont été utilisés pour couvrir les frais de transport et d’alimentation. L’isolement oblige également ces travailleurs à acheter, auprès de leurs employeurs et à des prix exorbitants, des aliments et des équipements de travail. Au final, ils doivent au propriétaire de la ferme beaucoup plus que ce qu’ils gagneront avec leur salaire. A partir de là, ils perdent le contrôle de leur propre vie et deviennent des esclaves modernes.

Selon un rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) présenté à Brasilia mercredi [11/05/2005], plus de 25 000 Brésiliens vivent sous une telle condition, principalement dans les Etat de Mato Grosso et Pará, dans des fermes destinées à l’élevage (80% des cas) et à l’agriculture (17%). Le nombre réduit d’offres d’emploi, les conditions d’isolement géographique et l’absence de l’Etat et des institutions de protection seraient la cause de l’augmentation de cette pratique dans le pays, liée, en grande partie, à la dégradation de l’environnement. Le document de l’OIT affirme que, malgré le grand nombre de ratifications de conventions internationales, les pays d’Amérique Latine accordent peu d’attention au problème. Le Brésil serait la notable exception. Son expérience de lutte contre le travail esclave est considérée comme un exemple par les gouvernements de Bolivie, du Guatemala, du Paraguay et du Pérou.

D’après l’organisation internationale, le Brésil est au premier rang des pays qui affrontent ce problème, en ayant mis en place l’adoption et l’amélioration, en mars 2003, du « Plano Nacional para a Erradicação do Trabalho Escravo » [Plan national d’éradication du travail esclave]. Le rapport de l’OIT cite des initiatives telles que l’arrêté du Ministère du Travail et de l’Emploi (MTE), de décembre 2002, qui garantit le paiement des indemnisations chômage à tous les travailleurs libérés du travail esclave, ou encore la Proposition de changement de la Constitution (PEC) qui propose l’expropriation de terres sans aucune compensation pour ceux qui ont utilisé de la main-d’œuvre esclave. La PEC du travail esclave a déjà été approuvée au Sénat en première instance à la Chambre de Députés.

Le rapport de l’OIT souligne aussi, parmi les actions du pays, l’amélioration du Code Pénal, qui, pendant le mandat de Lula, a subi des corrections afin de perfectionner le concept de "travail esclave". Aujourd’hui, quiconque maintient des travailleurs sur leur lieu de travail, que ce soit en rendant difficile l’accès au transport/déplacement, ou en confisquant les papiers ou encore en surveillant avec des armes, est sujet à emprisonnement.

Finalement, le texte aborde le travail des « Groupes Mobiles de Surveillance » du MTE qui, en 2003, ont libéré environ 5 000 travailleurs ; les 633 procès administratifs initiés par le Procureur général de la République, entre février 2003 et mai 2004, pour vérifier des dénonciations criminelles de travail esclave ; et les actions civiles publiques confirmées par la Justice du travail qui obligent les employeurs à payer des indemnisations pour préjudices moraux aux travailleurs trouvés en situation d’esclavage.

« Le lancement du Rapport au Brésil est une reconnaissance mondiale des efforts du gouvernement brésilien mais aussi du projet de lutte contre le travail esclave que l’OIT développe dans le pays pour abolir une fois pour toutes cette honte », explique Patricia Audi, coordinatrice nationale du projet de lutte contre le travail esclave de l’OIT au Brésil. Depuis 2002, le projet de coopération technique de l’organisation fortifie et aide à la coordination des actions des membres de la Commission Nationale pour l’Eradication du Travail Esclave (Conatrae) avec d’autres partenaires faisant partie ou non du gouvernement brésilien. « A partir de ce programme au Brésil, nous souhaitons promouvoir l’échange d’expériences entre les projets et penser une action dans cette partie du monde, étudier ce qui doit avancer et ce qui doit être copié par rapport à ces questions », dit Patricia.

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