Quelle est la situation de la politique agraire au Brésil ?
La question a changé ces dernières années. Au niveau des institutions, l’élection de Lula a fait diminuer la répression que Fernando Henrique Cardoso [1] avait déchaînée sur les mouvements sociaux, surtout sur le Mouvement sans terre (MST). Parce que les tucanos [2] n’acceptaient pas la montée des luttes populaires comme facteur d’opposition.
Sous le gouvernement Lula, la liberté de remettre en question, de faire pression a augmenté, pas dans le sens de s’opposer uniquement, mais de revendiquer. La Plan national de réforme agraire (PNRA) [3] n’a pas été quelque chose de spontané, mais le fruit de la pression exercée par les mouvements. Cela dit, il y a aussi un côté négatif : le fait que ce gouvernement poursuit les politiques de son prédécesseur, qui avait opté pour le capital, et non pour le social. Dans ce gouvernement, le manque de ressources pour l’investissement dans la réforme agraire, la santé, l’éducation est dû à la priorité donnée au superavit primaire [4], dont l’objectif est de remplir les engagements pris avec le capital international.
Je pense que le gouvernement Lula a aussi des engagements avec le peuple, mais la priorité est encore le capital international. Du côté des organisations populaires, il y a eu une évolution dans la prise de conscience de la place qu’elles occupent, du rôle qu’elles ont à jouer dans la lutte pour la réforme agraire et pour les changements dans les campagnes. Parmi toutes les choses qui se font au niveau de la réforme agraire, 80%, sinon plus, est dû aux revendications et aux actions des mouvements populaires. Evidemment, il y a eu un certain refroidissement dans la lutte populaire du fait de l’expectative créée par l’élection de Lula. Les changements que tous pensaient qu’il allait faire ne se sont pas produits, et en conséquence, beaucoup de fronts de luttes se sont éteints. Cela n’a pas été le cas pour le MST, mais d’autres mouvements populaires se sont incorporés à la structure gouvernementale.
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