C’est évidemment avec émotion et étonnement que j’ai appris le 24 mai 2005 par Maître Brigitte Azema-Peyret, puis par la lettre officielle du Président de l’Institut des droits de l’homme des avocats européens, le Bâtonnier Bertrand Favreau, que le prestigieux Prix international des droits de l’homme, Ludovic Trarieux, m’avait été décerné.
Émotion et étonnement à cause du caractère prestigieux de ce prix, dont le premier lauréat a été Nelson Mandela, prix pour lequel j’ai été élu et que je reçois aujourd’hui.
Émotion aussi parce que j’avais su par Maître Brigitte Azema-Peyret qu’en 2003 ce même prix avait été décerné à titre posthume à l’avocate mexicaine Digna Ochoa. Je connaissais Digna Ochoa. Nous avions participé ensemble en 1996 à un séminaire au Brésil de religieux et religieuses dominicains et de membres de la famille dominicaine de toute l’Amérique Latine avec la présence du Maître général de l’Ordre, à l’époque le Frère Timothy Radcliffe, réfléchissant sur le thème : « Dominicain et Juriste », comment l’espace du droit, du combat juridique, est fondamental dans les luttes des mouvements populaires en Amérique Latine, en particulier des paysans, et comment la présence des dominicains dans cet espace est conforme à la mission de l’Ordre et de la vocation dominicaine.
Deux grandes figures dominicaines stimulèrent notre réflexion : celle de l’extraordinaire prophète, théologien et juriste Bartholomé de Las Casas, au XVIè siècle, défenseur infatigable des Indiens, fondateur avec son contemporain et frère dominicain, le grand juriste Vitória, du droit international et précurseur, pourrait-on dire, avec lui, et plus tard avec Ludovic Trarieux, de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
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