Des mouvements sociaux s’articulent par le biais de l’Art engagé

<img752|left> La TEIA - Le Réseau de Culture du Brésil, qui a eu lieu du 6 au 9 avril à São Paulo - a été bien plus qu’une présentation de la diversité culturelle brésilienne, à travers le projet "Culture Vivante" du Ministère de la Culture (MinC).
L’articulation des mouvements sociaux par le biais des "points de culture" [1] montre déjà les résultats du travail en réseau. Toutefois, des leaders des mouvements culturels du Mouvement des Sans Terre (MST) et de l’Union Nationale des Etudiants (UNE) affirment que la production culturelle n’a de sens qu’engagée politiquement dans la transformation des gens et de la société.

Célio Romualdo, du secteur culturel du MST de São Paulo, pense que discuter de ce sujet n’est pas facile et que les difficultés sont encore plus grandes à la campagne. Malgré cela, il affirme qu’il n’y a pas de différence entre les travailleurs de la campagne ceux de la ville : « Nos soucis sont les mêmes. Nous avons besoins d’en finir avec cette division et d’être unis. Et nous devons refléter cela dans nos productions culturelles ».

Le MST a obtenu des espaces d’expression dans 16 points de culture du Ministère, répartis sur 10 États brésiliens. Romualdo met en avant la nécessité de l’articulation des mouvements pensant les productions artistiques de manière engagée. "La bourgeoisie n’a jamais créé de culture. Ils lancent des modes, la pasteurisation. Mais du funk à la samba, ce sont manifestations populaires. L’art doit être engagé sur les questions sociales. Si l’on ne fait pas face aux problèmes et à l’industrie culturelle, nous ne ferons que répéter la même chose", ponctue le sans terre.

L’inversion de l’ordre culturel est fondamentale aux yeux de Romualdo. Les travailleurs ne pourront récupérer la culture qui leur a été volée qu’en réfléchissant à une re-fonctionnarisation du marché. "Parfois un artiste croit avoir fait du bon travail, mais, finalement, il contribue au cercle".

Le directeur culturel de l’UNE, Thiago Alves, affirme que le mouvement étudiant a une grande tradition dans les mouvements culturels. Il met en évidence les expériences du Centre Populaire de Culture, les CPCs de l’UNE, pendant les années 60, qui ont eu un rôle important dans le combat à la dictature militaire.

Les années sont passées et l’entité a eu besoin de reformuler les concepts et les façons de travailler avec l’art et la culture. "Aujourd’hui, le mouvement culturel possède dynamique propre. On ne peut pas travailler verticalement, du haut vers le bas. C’est pourquoi nous avons créé le CUCA (Centre Universitaire de Culture et Art). Il suit une dynamique qui diffère de celle du mouvement étudiant. Plus spontané et plus ample. On fait seulement attention à mettre le débat politique majeur à l’ordre du jour, à partir de la discussion des politiques culturelles publiques".


[1] Le programme CULTURA VIVA a été conçu par le Ministère brésilien de la Culture « comme un réseau de gestion, animation et création culturelle ». Les Points de Culture, répartis dans tout le pays, visent à développer les échanges d’expériences culturelles à travers tout le pays. Des Points de Culture hors du territoire brésilien ont également été choisis et financés grâce à un accord passé avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), notamment en France.

Extrait de la présentation du Ministère de la Culture : "Le Point de Culture est l’action prioritaire du
Programme Culture Vivante et articule toutes les
autres actions. Il est la référence d’un réseau
horizontal d’articulation, réception et dissémination
d’initiatives et envies créatives. Une petite marque,
un signe, un point sans gradation hiérarchique, un
point d’appui, un levier pour un nouveau processus
social et culturel. Comme un médiateur dans la
relation État et société et, au-dedans du réseau, le
Point de Culture rassemble des agents culturels qui
articulent et encouragent un ensemble d’actions
dans leurs communautés.
"


Par Carlos Gustavo Yoda - CARTA MAIOR - 10/04/2006

Traduction de Fernanda Massebeuf pour Autres Brésils


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