De Cachoeira à Paris : festivals engagés

 | Par Autres Brésils

Amaranta César, directrice et créatrice de CachoeiraDoc, présente ce festival engagé qui sera à l’honneur dans l’édition 2018 de Brésil en Mouvements :

« Le vieux guerrier me laisse entendre : - (…) Il faut cultiver la mise-en-relations, cultiver le lier et le relier, l’interférence inouïe, l’analogie impossible nouée à tes émotions, à ton imagination, à ton intuition et à ta raison, mise en gerbe dans une fête passionnée ! (...) Notre surrection dans ce Monde-Relié ne se fera pas sous un mode révolutionnaire, mais sous la forme irradiante de mille écarts, de mille utopies, de mille déflagrations inspirés par l’imaginaire de combat. »
Patrick Chamoiseau
(Écrire en pays dominé)

Le festival de films documentaires CachoeiraDoc a été fondé en 2010, dans la ville historique de Cachoeira, à Bahia, par un groupe de jeunes professeurs et étudiants de cinéma de l’Université Fédérale du Recôncavo da Bahia (UFRB), une université publique et populaire qui venait d’être établie par le gouvernement de Lula. À Cachoeira, belle petite ville à l’héritage afro-brésilien immense, l’université s’installe entre les ruines de la colonisation et de l’esclavage, dans un paysage à la fois exubérant et lourd, détruit. Le festival participe alors d’un moment historique où l’énergie de (re)construction et d’espoir contestateur anime les lieux les plus cachés et châtiés du Brésil, ses périphéries économiques et culturelles.

Dans cette province du nord-est brésilien, dans une Université où 82% des étudiants sont afro-brésiliens, auto déclarés noirs, et où 83% proviennent de familles pauvres et constituent la première génération à avoir une scolarisation de niveau universitaire, il a été possible d’inventer un festival de cinéma engagé pour donner à voir des images et des récits rebelles, produits par des groupes socialement minoritaires, des groupes impliqués dans la lutte contre les injustices sociales du Brésil et ses blessures structurelles. À Cachoeira on a pu, par ailleurs, contester les systèmes d’exclusion cinématographique et interroger l’Histoire contemporaine du cinéma brésilien, qui, étant écrite dans les espaces critiques hégémoniques, n’échappe pas non plus aux immenses inégalités de la société brésilienne.

Dans ce sens, les films qui composent le programme présenté ici sont des court-métrages réalisés par ou avec des sujets historiques qui sont passés d’une condition d’objet des regards et des récits de l’autrui à une position active sur leurs propres histoires, sensibilités et subjectivités. Ce qui unit ces films est aussi une énergie rebelle et de contestation qui peut vibrer dans l’audience comme une force et un désir de résistance. Entre le petit enfant Enawenê-Nawê qui dispute une boîte de coca-cola aux autres enfants au même temps qu’il pêche avec les armes traditionnelles (Peixe Pequeno) et la vielle femme de la zone rurale de Pernambuco coincée et menacée par l’agrobusiness qu’elle défie sans peur (Acercadacana), tout un paysage de lutte contre les pouvoirs héritiers de l’esclavage et de la colonisation s’érige avec des personnages d’une Histoire qui ne finit pas d’être disputée et (re)construite, des personnages qui, malgré la violence et l’oppression dont ils sont les cibles, n’acceptent pas le statut de vaincus.

Films sélectionnés :

Acercadacana (Pernambuco, 2010, 20’) de Felipe Peres Calheiros
Dans les années 1990 avec l’utilisation de l’éthanol et l’expansion de la canne à sucre, 15000 familles font été obligées de quitter le nord-est du Brésil. Maria Francisca, elle, décide de rester.

Travessia (Rio de Janeiro, 2017, 4’) de Safira Moreira
À partir de photographies de familles blanches, la population noire tente de se recréer ses propres archives.

A Gis (São Paulo, 2016, 20’) de Thiago Carvalhaes
Gisberta Salce était une transsexuelle brésilienne immigrée au Portugal. Sauvagement assassinée il y a dix ans, elle est devenue une grande figure des droits des transsexuels.

Corpos Políticos (Pernambuco, 2016, 4’) de Mulheres Audiovisual PE
Alors que les médias brésiliens sont fascistes, machistes et rétrogrades, un autre cri se fait entendre, celui des femmes. Une corps-politique puissant. Le féminisme comme révolution.

Deus (Rio Grande do Sul/ São Paulo, 2016, 25’) de Vinícius Silva
La routine de Roseli, femme noire de la périphérie, de São Paulo qui s’occupe seule de son fils Breno.

Ava Marangatu (Minas Gerais, 2016, 15’) de Genito Gomes, Valmir Gonçalves Cabreira, Jhonn Nara Gomes, Jhonatan Gomes, Edina Ximenez, Dulcídio Gomes, Sarah Brites, Joilson Brites
Sur une terre traditionnelle Guarani et Kaiowa, deux jeunes s’en vont chasser.

Peixe pequeno (Enawenê-Nawê, 2010, 4’) de Vincent Carelli, Altair Paixão
Ce qui se passe quand tous partent à la pêche dans le campement Enauenê-nauê…

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