Voici la traduction par les éditions Anacaona d’extraits d’un article de Rodrigo Menegat, de l’Agencia Publica.
Les rues baptisées en hommage aux bourreaux de la dictature et aux responsables du régime sont présentes dans tout le pays.
La petite rue de moins de 200 mètres, dans le centre-ville de São Paulo, qui porte le nom de Vladimir Herzog, le journaliste torturé et assassiné par la dictature militaire, est une exception : la majeure partie des rues qui portent le nom des personnages de cette période rendent hommage aux dictateurs et à leurs collaborateurs.
« On ne compte plus les avenues Président Castelo Branco, baptisées ainsi en référence au général qui prit le pouvoir lors du coup d’Etat de 1964 [São Paulo, Rio de Janeiro, Fortaleza, etc.]. »
Dans tout le Brésil, de nombreuses rues portent le nom des personnages les plus sombres de l’histoire du pays, y compris des 377 responsables de tortures et assassinats nommément désignés par la Commission nationale de la vérité, qui a enquêté sur les crime de l’Etat pendant cette période.
Mais ce n’est pas qu’en nombre de kilomètres que les rues portant le nom de généraux et de responsables sont plus visibles que les rues qui rendent hommage à leurs victimes.
« Il y a également une différence géographique et symbolique. »
Alors que de grandes routes comme l’avenue Castelo Branco et le pont Costa e Silva [nom officiel du pont Rio-Niteroi, du nom du 2e président de la dictature] célèbrent le régime militaire, les lieux de mémoire de la résistance se concentrent dans les zones périphériques et plus pauvres. À São Paulo par exemple, la majorité des rues qui rendent hommage aux victimes sont concentrées dans les régions pauvres de la Zone Nord (Jova Rural) et Zone Sud (Grajau). Le même phénomène se produit à Rio de Janeiro, où les rues qui rendent hommage aux militants de la résistance sont situées dans le quartier ouvrier de Bangu.
[...]