C’est un peu comme l’histoire de l’arroseur-arrosé, mais revisitée, et sur fond de corruption généralisée et d’exaspération sociale profonde. La trame du récit est, plus ou moins, la suivante : Dilma Rousseff, dauphine de Lula, symbole de la gauche brésilienne, au pouvoir entre 2003 et 2016, est destituée pour maquillage de comptes publics dans le cadre d’une affaire de corruption qui éclabousse une bonne partie du Parti des Travailleurs. Parmi ceux qui lui savonnent la planche, il n’y a pas seulement la bonne vieille droite brésilienne mais également les alliés centristes du PT, à savoir le PMDB, dont le député Eduardo Cunha, et Michel Temer,le vice-président de Dilma.
Une fois le coup d’Etat institutionnel consommé, Temer devient, mécaniquement, président. Mais alors que les enquêtes se poursuivent dans le cadre de l’Opération « Lava Jatos », c’est tout d’abord Cunha qui tombe, incarcéré lui aussi pour corruption. Menaçant d’entraîner dans sa chute ses compères en balançant tout ce qu’il sait sur eux, on continue à lui verser des pots-de-vin. C’est en tout cas ce qu’a révélé la presse en décrivant comment, lors d’une discrète rencontre entre Temer et le PDG du géant brésilien de la viande JBS, ce dernier, Joesley Batista, avoue que son entreprise continue à faire parvenir des valises de billets à Cunha alors que ce dernier est derrière les barreaux, et ce pour acheter son silence. « Il faut continuer », lui dit, en substance, Temer, qui lui donne son assentiment.