Covid-19 au Brésil : la plus grande favela de São Paulo lutte contre la pandémie et la perte de revenus Heliópolis met en place des mesures communautaires

Les habitants nous montrent les mesures de protection applicables au sein de leur communauté où 70% des familles ont vu leur revenu diminuer au cours du mois dernier.

Une enquête a également été menée par l’Observatório De Olho na Quebrada un projet de l’Unas (Union des noyaux et Association des habitants d’Heliópolis et de la région). « Heliópolis contre le Coronavirus » renforce l’importance du projet de revenu de base d’urgence pour les travailleurs et travailleuses informel.les, indépendant.es et à revenu non fixe.

  • Traduction de Marie-Hélène BERNADET pour Autres Brésils
  • Relecture : Du DUFFLES et Frédéric PEYLET

Jocimar da Costa, 40 ans, a perdu son emploi le mois dernier. Il travaillait comme agent de sécurité dans une entreprise. Avec la propagation rapide de la pandémie du nouveau coronavirus, il a vu sa source de revenu se tarir. Il vit avec sa mère, ses deux frères, son fils et son neveu : en tout, ils sont sept personnes à vivre dans sa maison de Heliópolis, la plus grande favela de la ville de São Paulo. La favela est située dans la zone sud de la capitale pauliste et, d’après la UNAS (Union des Centres et Association des Habitants de Heliópolis et de son agglomération), elle compterait 200 000 habitants.

« Il y a beaucoup de gens qui abusent. Vous allez au marché et ce ne sont plus les mêmes prix », se plaint Jocimar en évoquant la hausse des prix qu’il a constatée depuis le début des conséquences de la maladie, comme la fermeture des commerces. Il raconte que, par chance, il a pu stocker de la viande dans son réfrigérateur avant de perdre son emploi. Même sans savoir comment sera l’avenir sans travail, il se montre optimiste : « Il faut garder la foi en Dieu et penser que nous allons vaincre cette pandémie. Je sais que ça inquiète tout le monde mais nous n’abandonnerons pas », affirme-t-il.

Alzirene Monteiro, 40 ans, s’occupe de ses deux petits-enfants à Heliópolis | Photo : Caio Castor/Ponte
L’Association des habitants a distribué des affiches et des prospectus dans la favela pour expliquer les mesures contre la propagation du coronavirus. | Photo : Caio Castor/Ponte

Il y a beaucoup de personnes comme Jocimar à Heliópolis et dans les environs. Une enquête réalisée fin mars par l’association Unas auprès de 653 habitants a indiqué qu’à Heliópolis, sept familles sur dix ressentent déjà les effets du coronavirus sur leur porte-monnaie, avec des pertes de revenu en raison des mesures d’isolement social. 63% des familles de ce quartier vivent avec jusqu’à deux salaires minimums par mois et 20% d’entre elles affirment n’avoir actuellement aucune source de revenu.

Les masques sont l’une des protections utilisées et sont portés en nombre par toute personne se déplaçant dans la communauté | Photo : Caio Castor/Ponte

Plus de la moitié des maisons abritent quatre personnes ou plus, ce qui montre la difficulté de la population à suivre la recommandation d’isolement social de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)

Les plus impactés par le Covid-19 dans leur vie quotidienne sont les employé.es de maison, les commerçants, les chômeurs et les travailleurs indépendants. Ceux qui en ont la possibilité combinent l’usage de gel hydroalcoolique et le nettoyage de la maison, raconte la journaliste Lia Santos, 50 ans. Ceux qui n’ont pas de produits de nettoyage se servent d’eau pour laver les fruits des enfants, rapporte Alzinere Monteiro, une employée de maison de 40 ans, en serrant contre elle un de ses petits-enfants. « Nous essayons de maintenir tout en ordre, bien rangé et propre. Personne n’est à l’abri d’une contamination mais, au moins, nous faisons de la prévention », commente Lia.

La Unas a lancé une campagne de collecte de dons de nourriture et de produits d’hygiène pour distribuer aux familles les plus touchées par le coronavirus. D’après Douglas Cavalcante, le porte-parole de l’organisation, on en dénombre au moins 2 500. « Maintenant, on va s’occuper du tri et de la distribution », explique-t-il. Le but est que les familles soient livrées au cours de cette première semaine d’avril. La Unas distribuera également des affiches et des prospectus afin d’alerter la population sur les risques de la maladie et expliquer comment se protéger.

Seu Antônio, 71 ans, fait partie du groupe à risque et préfère s’isoler chez lui. | Photo : Caio Castor/Ponte

Les habitants trouvent que les actions de la Unas sont plus importantes que celles du gouvernement. « C’est une mascarade. On a l’impression d’être dans un cirque et d’entendre un clown raconter des blagues. C’est très compliqué de voir un chef d’État, placé au pouvoir avec tant de difficulté, se dégager d’une affaire si sérieuse  », dit Alzinere en commentant les déclarations du président brésilien Jair Bolsonaro (sans parti) comme par exemple celle de caractériser le Covid-19 de « petite grippe ». Il ressort de l’enquête que les principales nécessités locales sont l’argent et le travail (19%), les aliments (15%) et les produits d’hygiène (11%).

Il y a ceux qui se risquent à travailler tout en essayant de limiter les risques de contagion | Photo : Caio Castor/Ponte

ENQUÊTE SUR L’IMPACT DU CORONAVIRUS SUR LES FAMILLES DE HELIÓPOLIS Enquête réalisée via un formulaire online entre le 27 et le 29 mars 2020. (Source : UNAS)

PROFIL DES PERSONNES AYANT REPONDU AU QUESTIONNAIRE :

  • Femmes : 83,6%
  • Hommes : 16%
  • Autres : 0,4%

PROFIL DES FAMILLES :

  • 55% sont des familles de trois ou quatre personnes
  • 54% des foyers comptent des enfants de moins de 9 ans
  • 19% des foyers sont composés de seniors de plus de 60 ans
  • 63% des foyers vivent avec jusqu’à deux salaires minimum par mois

CONSEQUENCES DU CORONAVIRUS :
Sur les revenus :

  • 65% déclarent avoir arrêté de travailler et/ou d’étudier à partir des consignes d’isolement social
  • 68% ont déjà subi des pertes de revenus mensuels
  • Sur la santé :
  • 3% déclarent avoir un membre de leur famille présentant les symptômes du Covid-19
  • 14% déclarent avoir un membre de leur famille hospitalisé : 47% d’entre eux estiment avoir reçu l’aide nécessaire

QUALITE DES INFORMATIONS :

  • Sur comment se protéger du Covid-19 : 8,5/10 est la note enregistrée à propos des personnes estimant être bien informées sur les mesures de protection à prendre ;
  • Sur les informations relatives à l’évolution du Covid-19 à Héliopolis : 5,6/10 est la note enregistrée à propos des personnes estimant être bien informées sur ce point.
  • 46% des personnes utilisent les groupes et le réseau de WhatsApp comme source d’information sur le coronavirus à Heliópolis.
EN RESUMÉ :
Il ressort de l’enquête que 14% des personnes interrogées ont soulevé le problème du manque d’information.

Voir en ligne : Como Heliópolis, maior favela de SP, luta contra o coronavírus e a perda de renda

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