"L’épidémie de COVID-19 a amplifié les effets négatifs d’un amendement constitutionnel de 2016 qui plafonne les dépenses publiques au Brésil pour 20 ans" [1]
ont déclaré l’expert indépendant sur les droits humains et la dette extérieure, Juan Pablo Bohoslavsky, et le rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté, Philip Alston.
"Les effets sont maintenant dramatiquement visibles dans la crise actuelle".
Les experts ont noté que, par exemple, seulement 10 % des municipalités brésiliennes disposent de lits de soins intensifs et que le système de santé unifié ne dispose même pas de la moitié du nombre de lits d’hôpitaux recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. [2]
- Les données sont le résultat d’une enquête exclusive de Agencia publica avec des informations provenant de 450 régions sanitaires répertoriées dans le système de soutien à la gestion stratégique du ministère de la Santé. En rouge, les régions avec un nombre de lit en dessous des recommandation de l’OMS ; en bleu, avec des chiffres dans la norme recommandée.
“"Les réductions de financement et coupe budgétaires du gouvernement ont violé les normes internationales des droits humains, notamment en matière d’éducation, de logement, d’alimentation, d’eau et d’assainissement et d’égalité des sexes", ont-ils déclaré.
"Le système de santé affaibli ne fait pas face et ne protège pas les droits à la vie et la santé de millions de Brésiliens qui sont gravement menacés. Il est grand temps d’abroger l’amendement constitutionnel 95 et les autres mesures d’austérité contraires au droit international des droits humains."”
En 2018, Les rapporteurs spécial de l’ONU ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes quant au fait que la politique du Brésil donne la priorité à l’économie sur la vie des gens.
"En 2018, nous avons exhorté le Brésil à reconsidérer son programme d’austérité économique et à mettre les droits humains au centre de ses politiques économiques", ont-ils déclaré. "Nous avons également exprimé des préoccupations spécifiques concernant les personnes les plus touchées, en particulier les femmes et les enfants vivant dans la pauvreté, les Brésiliens d’origine africaine, les populations rurales et les personnes vivant dans des établissements informels".
Le Brésil doit faire passer les droits humains avant l’austérité, avertissent les experts de l’ONU alors que la mortalité infantile augmente.
Les experts de l’ONU : M. Juan Pablo Bohoslavsky (Argentine), expert indépendant sur la dette extérieure et les droits de l’homme ; M. Léo Heller (Brésil), rapporteur spécial sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement ; Mme Ivana Radačić (Croatie), présidente du groupe de travail sur la question de la discrimination à l’égard des femmes en droit et en pratique, Mme Hilal Elver (Turquie), rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Mme Leilani Farha (Canada), rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable, M. Dainius Pūras (Lituanie), rapporteur spécial sur le droit à la santé physique et mentale ; Mme Koumbou Boly Barry (Burkina Fasso), rapporteur spécial sur le droit à l’éducation.
Les experts ont condamné la politique consistant à faire passer "l’économie avant la vie", en dépit des droits humians et des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. "L’économie pour qui ?" ont-ils demandé. "Il n’est pas permis de mettre en danger la santé et la vie des gens, y compris des travailleurs de la santé, pour les intérêts financiers de quelques-uns", ont-ils souligné. "Qui sera tenu pour responsable lorsque des personnes mourront à cause de décisions politiques allant à l’encontre de la science et des avis médicaux d’experts ?"
Le Brésil a fait divers efforts louables, ont-ils noté. "Le revenu de base d’urgence, ainsi que la mise en œuvre des directives de distanciation sociale des autorités infranationales, sont des mesures qui sauvent des vies et qui sont les bienvenues. Pourtant, il faut en faire plus".
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Dans une déclaration et une lettre récentes adressées aux gouvernements et aux institutions financières internationales, l’expert indépendant sur les droits humains et la dette extérieure a formulé des recommandations concrètes en matière économique, budgétaire et fiscale.
"La crise COVID-19 doit être l’occasion pour les États de repenser leurs priorités, par exemple en introduisant et en améliorant les systèmes universels de santé et de protection sociale, ainsi qu’en mettant en œuvre des réformes fiscales progressives, ont déclaré les experts de l’ONU.
"Les États du monde entier devraient construire un avenir meilleur pour leurs populations, et non des fosses communes".
La déclaration des experts a été approuvée par
- M. Léo Heller, Rapporteur spécial sur les droit humains d’accès à l’eau potable et à l’assainissement ;
- Mme Hilal Elver, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation,
- Mme Leilani Farha, Rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable,
- M. Dainius Pūras, Rapporteur spécial sur le droit à la santé physique et mentale ;
- Mme Koumbou Boly Barry, Rapporteur spécial sur le droit à l’éducation,
- le Groupe de travail sur la discrimination contre les femmes et les filles : Mme Meskerem Geset Techane (présidente), Mme Elizabeth Broderick (vice-présidente), Mme Alda Facio, Mme Ivana Radačić, et Mme Melissa Upreti.