(Photo : Habitant.es de Águas Lindas de Goiás durant la visite de l’Hôpital de Campagne par le président brésilien Jair Bolsonaro © Marcos Corrêa/PR)
« Ils ont tué ma mère ! » Paula Ribeiro, 34 ans, parle depuis vingt minutes sans s’arrêter. Un flot de paroles, entrecoupées de larmes de désespoir, mais aussi d’une rage féroce. Le 22 avril, cette habitante de Manaus, plus grande ville d’Amazonie et épicentre de l’épidémie de Covid-19 au Brésil, a perdu sa maman. Victime de la crise due au nouveau coronavirus et de l’effondrement du système de santé du pays.
« Dona » Amalia avait 53 ans. Diabétique, souffrant d’hypertension, elle tombe malade à la fin mars. Douleurs, fièvre, fatigue, puis toux et difficultés respiratoires : les symptômes classiques du Covid-19. « Mais les médecins que nous avons appelés, comme les hôpitaux, ont refusé de la tester ou de la prendre en charge. Ils nous ont dit : “Il y a trop de monde, rentrez à la maison. Ne venez qu’en cas d’urgence” », raconte Paula.
Le 22 avril, l’état d’Amalia empire. Elle suffoque, agonise. « J’ai appelé le SAMU au secours, mais ils étaient déjà débordés. » Paniquée, la famille embarque la mère dans une voiture et l’amène aux urgences de l’hôpital Nilton-Lins. Mais cette unité, ouverte spécialement pour les malades du Covid-19, ne reçoit que des patients envoyés par d’autres hôpitaux. Les infirmiers hésitent à ouvrir la porte à une patiente qu’ils croient déjà morte.
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