Copenhague vu du Brésil n°4 : sous le goudron, la plage ?

 | Par Kakie Roubaud

Alors que Copenhague tourne en rond, São Paulo se noie sous les pluies. Une université brésilienne met au point un nouveau type de revêtement anti-crues. De l’adaptation au changement climatique !

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Par Kakie Roubaud

Photos : Agência Brasil

São Paulo, 16/12/2009


« Sont désormais impraticables : la Marginal Pinheiros, en sens unique, à la hauteur de la rue Quintana  ; la Marginal Tieté, dans les deux sens à la hauteur du pont Nova Fepasa ; l’avenue Antartica près du viaduc... »

Imaginez une litanie radiophonique de 30 périphériques, Maréchaux et ponts parisiens interdits à la circulation et vous aurez une petite idée du chaos qui s’est emparé de la ville de São Paulo ces quinze derniers jours de pluie.

Depuis quelques semaines, le Sud industrialisé et opulent du Brésil affronte un déluge comme il en avait peu connu. Au point que São Paulo, une mégalopole de 18 millions d’habitants, la cinquième « méga- cité » du monde se retrouve sous les eaux.

Son principal cours, le rio Tieté ayant débordé, la Marginal et la Pinheiros, les avenues qui le bordent et le coupent sont impraticables et le centre de la ville, paralysé. L’an dernier à la même époque, ce sont 40 000 personnes qui se sont retrouvées sans abri à la suite d’un déluge homérique à Santa Catarina, état plus au sud.

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Les inondations à Curitiba en 2008

Dans ce contexte, que signifie le terme « adaptation au changement climatique » pour un pays émergent de l’hémisphère Sud ? Dans son édition de dimanche dernier, le quotidien Folha de São Paulo donne un début de réponse.

Il consacre deux pleines pages au dispositif anti-crues développé par un laboratoire universitaire de São Paulo alors que la capitale économique du pays se noie sous des pluies diluviennes.

L’Ecole Polytechnique de l’Université de São Paulo (USP) met à l’épreuve un nouveau revêtement de rue. Ce goudron d’un nouveau genre ralentit de 50% la vitesse d’arrivée des eaux de pluies aux rivières.

« Il est aussi poreux que du sable de plage » explique José Rodolfo Martins, qui mène l’expérience avec dix chercheurs en ingénierie hydraulique. Si l’on veut augmenter l’absorption d’eau et réduire la création d’îles de chaleur, responsables des tempêtes, il faut d’urgence augmenter la porosité des villes.

Cette nouvelle technologie de drainage est décrite dans le quotidien à grand renfort de coupes et dessins. La rue où se déroule l’expérience « affronte le déluge comme si c’était une petite pluie de rien du tout » affirme le journaliste de Folha de São Paulo venu sur place. « L’eau arrive à peine à hauteur du trottoir ».

Pendant ce temps, à 2 000 kilomètres plus au Nord, le Sertão du semi-aride s’apprête à vivre une sécheresse sans précédent. Déluges et sécheresse : deux scénarios catastrophe auxquels les Brésiliens doivent désormais faire face. Le Brésil qui abrite la plus grande forêt tropicale du monde n’échappe pas aux bouleversements climatiques, loin de là.

Ainsi le vieux modèle occidental qui consistait à plastifier les rues et à bétonner les bords de rivières a vécu. Si ce nouveau type de revêtement est utilisé en Europe depuis dix ans pour résoudre les problèmes d’aqua-planning sur les routes, il est au Brésil en phase de perfectionnement. En particulier sur les parking.

Un film plastique placé sous le revêtement permet d’éviter la contamination des sols et des nappes phréatiques, l’eau étant drainée, une fois filtrée, jusqu’au fleuve. Revers de la médaille : cette technologie est 25% plus chère qu’un revêtement classique.

Voilà (entre autres) ce à quoi pensent les pays du G77 lorsqu’ils demandent aux pays riches de financer « l’adaptation au changement climatique » à hauteur de 1% de leur PIB . Car cette adaptation a un coût.

« Les pays riches ont derrière eux 200 ans d’accumulation de richesses » a expliqué Dilma Roussef, chef de la délégation brésilienne à Copenhague. « C’est pourquoi nous sommes pour des engagements communs mais différenciés ». Carlos Minc, le ministre de l’Environnement a rajouté : « Bientôt les Etats-Unis nous feront croire qu’ils sont aussi un pays émergent ».

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