Contre un putsch politico-médiatico-judiciaire au Brésil

 | Par Mémoire des luttes

Mémoire des luttes publie deux documents d’intervention dans la crise politique qui secoue actuellement le Brésil.

Le premier est une déclaration de soutien à l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva signée par quatorze anciens chefs d’État et de gouvernement européens et latino-américains.

Publié le 11 mars, ce texte dénonce la tentative de certains secteurs de détruire l’image de ce grand Brésilien et les avancées sociales que le Brésil a connues pendant ses deux mandats.

Le second document est un entretien réalisé, le 5 mars 2016, par le journal italien Il Manifesto avec le dirigeant du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), João Pedro Stedile. Il y affirme : « Nous sommes face à une attaque conservatrice ».

Arturo Espinosa. Mémoire des Luttes

SOUTIEN EUROPÉENS ET LATINO-AMÉRICAINS À LULA

Au cours des dernières décennies, Luiz Inacio Lula da Silva a joué un rôle éminent comme syndicaliste, animateur de luttes sociales, fondateur et dirigeant du Parti des travailleurs (PT). Élu président de la République en 2002, il a mis en œuvre au Brésil un ambitieux programme de changements sociaux qui a fait sortir de la pauvreté et de la misère des millions d’hommes et de femmes. Sa politique économique a permis la création de millions d’emplois et une considérable augmentation des revenus des travailleurs.

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« Nous sommes face à une attaque conservatrice »

Il Manifesto : Que se passe-t-il actuellement au Brésil autour de Lula et de Dilma Rousseff ?

João Pedro Stedile (JPS) : L’opération menée par la police fédérale consistant a faire irruption au domicile de Lula pour l’emmener et l’interroger en même temps que José Felipi, coordonnateur de la campagne électorale de 2010 de Dilma Rousseff, est clairement un abus judiciaire. Dans nos pratiques judiciaires, même les pires délinquants dont le domicile est connu ne reçoivent pas un tel traitement. La véritable motivation des secteurs réactionnaires du pouvoir judiciaire est d’empêcher une candidature de Lula à l’élection présidentielle de 2018. Le gouvernement de Dilma est un gouvernement de crise qui n’arrive pas à la contrôler et à avancer. Maintenant, la bourgeoisie cherche moins à la destituer qu’à lui imposer son agenda néolibéral. C’est son objectif, et pour y arriver, il lui faut aussi empêcher la candidature de Lula en 2018.

Il Manifesto : Dans le même temps, même le président de la Chambre de députés, Eduardo Cunha, principal détracteur de Dilma Rousseff, sera confronté à un procès en corruption ?

JPS : La situation est de plus en plus difficile. Je crois qu’il finira par perdre son poste et ira peut être même en prison.

Il Manifesto : Quel est le sentiment populaire face aux mesures d’austérité adoptées par Dilma Rousseff ?

JPS : Le gouvernement de Dilma a montré qu’il était prêt à accepter l’agenda néolibéral en mettant à l’ordre du jour la réforme du système de retraite et en signant un pacte avec la droite pour exclure l’entreprise Petrobras de l’exploration du pré-sal pétrolier, ouvrant ainsi la porte aux entreprises multinationales.

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