Au Brésil, les conflits agraires n’ont pas disparu. Loin de là. Ils sont même de plus en plus meurtriers. En 2017, ils ont provoqué la mort de 71 personnes, souvent des paysans dénonçant la toute-puissance des grands propriétaires terriens.
Selon le récent décompte de la Commission pastorale de la terre, une organisation catholique qui défend les droits des petits paysans brésiliens, l’année dernière, les conflits agraires ont provoqué la mort de 71 personnes. C’est le bilan le plus élevé depuis quatorze ans au Brésil.
L’organisation évoque notamment le massacre de neuf paysans, cruellement mutilés, dans une zone isolée de l’Etat du Mato Grosso. D’autres tueries ont aussi fait dix morts dans la région amazonienne du Para et six à Bahia, dans le Nord-Est. Les violences à l’encontre des petits paysans, qui dénoncent la toute puissance des grands propriétaires terriens et celle de leurs hommes de main, ont nettement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir du président Michel Temer, en 2016. C’est ce qu’affirme la Commission pastorale de la terre.
David contre Goliath
La terre, dans les régions reculées du Brésil, est aujourd’hui encore dans les mains de grands propriétaires et l’impunité sur les crimes commis est régulièrement de mise. Les enquêtes de police, suite à ces meurtres, ne donnent souvent que peu de résultats. Un grand nombre de paysans ou de militants favorables à la réforme agraire, le paient de leur vie parfois lors de véritables opérations commando menées par les « pistoleiros », des tueurs à gages recrutés par les grands propriétaires terriens.
Au Brésil, les paysans qui cultivent sur des petits lopins de terre sont souvent des obstacles à l’expansion de l’agro-business. Le Brésil en dépend pour ses exportations de matières premières, mais ce système met en péril la subsistance du monde rural précarisé et celle des populations indigènes. Sans compter son impact sur l’environnement.