Communiqué contre les propos du Président à l’égard des porteurs du VIH

 | Par Collectif

Les organisations de la société civile qui signent ce communiqué, ABrES, ABRASCO, CEBES, Rede Unida et SBB, communiquent publiquement pour exprimer leur rejet des déclarations inacceptables que le Président de la République a faites lors d’une interview publiée le 5 février 2020 :

"une personne atteinte du VIH ... est une dépense pour tout le monde ici au Brésil" et que "c’est le résultat de la liberté du “tout est permis” qu’ils ont prise avec le Parti des Travailleurs (PT), et qui est une totale dépravation.”

Performance « Contagier », par Kako Arancibia, au LABxS, en 2018 - Photo : Rodrigo Ribeiro sur ABRASCO
Rappels #EuNaoSou Despesa (Je ne suis pas une dépense) :
 
En Mai 2019, par décret présidentiel, le département du Ministère de la santé chargé du suivi, prévention et contrôle des maladies sexuellement transmissibles a cessé d’accorder une importance prioritaire au SIDA/VIH.
 
À la fin de l’année 2019, par décret présidentiel, 22 476 postes ont été supprimés au Ministère de la Santé, dont 10 661 postes « d’agent de santé publique », qui travaillent dans le Système Unique de Santé pour la prévention et le suivi épidémiologique dans les communautés du Brésil.
 
Le SUS est aussi l’unité qui permet l’accès gratuit au depistage et au traitement contre le SIDA. Selon les données du Ministère de la Santé, en 2019, l’esp`érance de vie des porteurs du VIH a doublé depuis 2007 - en raison de l’accessibilité de ce traiment.
  • Le communiqué -

Considérant le moment grave que vit le Brésil ; vu l’avalanche de nouvelles sur les épisodes de violence et d’obscurantisme qui nous a pris de court ; vu que ces épisodes atteignent et contagionnent tous les milieux sociaux, nous considérons que les manifestations répétées de préjugés des autorités constituées aggravent le contexte national notamment institutionnel et politique ;

Considérant l’augmentation de la violence contre toutes les populations en situation de vulnérabilité ; nous considérons que ces déclarations ne sont pas conformes à la fonction de Président de la République et qu’elles reflètent l’intolérance, les préjugés, l’ignorance et le manque de respect envers les personnes vivant avec le VIH ;

Considérant que ces déclarations sont également liées à la mise en œuvre de politiques dont on sait qu’elles sont inefficaces pour les adolescents, notamment en ce qui concerne l’abstinence sexuelle [1], nous alertons sur le fait que cette mesure, en plus de son inefficacité, va certainement nuire, voire couper court aux discussions sur la sexualité, sur la tolérance et le respect de la diversité que nous tâchions d’avoir avec cette tranche d’âge. Cela provoquera des pertes inestimables ;

Considérant enfin que ces manifestations peuvent servir d’écran de fumée pour détourner l’attention d’autres faits majeurs qui touchent directement toute la population, liés au démantèlement des politiques publiques (par exemple, les restrictions budgétaire du Système Unique de Santé ; contre les droits des travailleurs ; contre l’université publique ; en faveur de la libération des activités extractives en Amazonie et sur les terres indigènes), les entités susmentionnées se manifestent de façon unanime en faveur des personnes vivant avec le VIH et contre toutes ces prises de parole intempestives et répétées, d’intolérance, d’ignorance, de préjugés et contre les avancées de la science.

Les organisations invitent par ailleurs les associations scientifiques, les conseils de santé et la société civile à se positionner également dans la nécessaire lutte quotidienne pour la protection des droits humains, contre toutes les formes de préjugé et de discrimination et en défense du système unique de santé.

Association Brésilienne de l’Économie de Santé (ABrES)
Association Brésilienne de Santé Colective (ABRASCO)
Centre Brésilien des Études en Santé (CEBES)
Rede Unida
Société Brésilienne de Bioéthique (SBB)

Voir en ligne : ABRASCO

[1Au Brésil, le gouvernement prône l’abstinence pour les jeunes. Courrier International 10/02/2020. Le gouvernement brésilien a lancé une campagne destinée à réduire le nombre de grossesses précoces chez les jeunes filles, véritable fléau dans le pays. Mais le conseil principal donné dans cette campagne, l’abstinence sexuelle, fait grincer des dents.

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