photo cc Editorial J / Juliana Baratojo
Le Brésil est agité d’une grave crise politique et judiciaire : mis en cause dans le scandale de corruption Petrobras, la présidente Dilma Rousseff est menacée d’une procédure de destitution et son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva d’un placement en détention provisoire – à laquelle il pourrait échapper en entrant au gouvernement. Vendredi, les soutiens de la gauche ont manifesté contre ce qu’ils considèrent comme un coup d’État, moins nombreux que les partisans de l’opposition quelques jours auparavant.
Auteur de L’éveil d’un continent – Géopolitique de l’Amérique latine et de la Caraïbe (Editions Armand Colin, 2014), Christophe Ventura revient sur la fragilisation d’un gouvernement qui n’a pas anticipé les conséquences de la crise économique et de ses propres réussites, s’exposant au retour d’une droite très radicalisée.
Regards. Au-delà du scandale Petrobras, que signifie la crise politique qui frappe le pouvoir brésilien ?
Christophe Ventura. Elle est le symptôme d’un phénomène que l’on a connu en France il y a quelques années, notamment avec l’affaire Elf : celui de pays sans financement public de la vie politique et dont le système politique est – à 90% dans le cas du Brésil – financé par le secteur privé. Cette affaire nous rappelle que la corruption est consubstantielle d’un tel système, puisque ce sont les entreprises qui financent directement les partis et les campagnes électorales – qu’il s’agisse des partis de la coalition au pouvoir ou de ceux de l’opposition, lesquels sont d’ailleurs aussi impliqués que le Parti des travailleurs dans le scandale Lava jato [1]
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