Cela vaut-il la peine de se débarrasser de Bolsonaro à tout prix ?

 | Par Correio da Cidadania

Traduction : Marie-Hélène Bernadet pour Autres Brésils
Relecture : Felipe Kaiser Fernandes}}

Oui, certainement. Pour diverses raisons, Bolsonaro est devenu le pire des maux et il faut s’en débarrasser à n’importe quel prix. Commencer un article sans suspense n’est pas la meilleure façon d’attirer le lecteur, mais quand les horizons sont bas à ce point, la réponse devient facile (sans savoir véritablement ce qu’il adviendra ensuite).


Les alternatives existantes aujourd’hui – pas nécessairement dans cet ordre de priorité : 1) Bolsonaro s’en va ; 2) il part maintenant et poursuit l’arrangement militaire avec Mourão aux commandes ; 3) il part à l’issue des élections de 2022, on assiste au retour probable de Lula ou, à l’arrivée de quelqu’un « juridiquement plus accepté », dans le cas où quelqu’un essaierait à nouveau de le faire chuter lui et le PT. D’un autre côté, il nous faut considérer une quatrième alternative : Bolsonaro continue. Au fond, nous nous trouvons littéralement entre les options 1 et 4, avec de grandes chances que la numéro 3 se produise.


L’affaissement des horizons politiques est si évident que le plus grand rêve de consommation de ceux qui ne sont pas dans le tiers fidèle au président est non seulement de se débarrasser de lui, mais aussi de « revenir à comment c’était avant ». D’ailleurs, je suis très nostalgique de ce que nous étions jusqu’en 2014. Mais nous savons qu’il est impossible de revenir à cela et qu’il n’existe pas de futur envisageable sans que nous ayons un présent ; il semble que le présent se dissipe, nous écrase et ne nous laisse pas imaginer un futur.


Ecrire ceci a seulement du sens si nous considérons qu’un éventuel gouvernement du PT, qui est actuellement le parti favori sur l’échiquier, ne sera plus une simple « gestion de la barbarie » - ainsi que le soulignent les plus critiques comme Marildo Menegat et Paulo Arantes – mais un gouvernement de terre brûlée, succédant à un gouvernement de destruction des institutions, des politiques publiques et de la politique républicaine qui subsistait. Par conséquent, il convient de se demander : que peut-on faire une fois que la barbarie a été disséminée ?


C’est cette question-là qui devrait imprégner les débats. Il est nécessaire de cultiver l’espoir d’une autre manière, mais sans perdre de vue que les discours et les positions comptent beaucoup dans un processus électoral et de formation d’un gouvernement. De trop grandes concessions dans les arrangements qui se créent pour accéder au pouvoir nous feront au mieux revenir au stade de « gestion de la barbarie » ; c’est peut-être la meilleure chose qui puisse nous arriver sur une planète où la catastrophe environnementale est imminente, traversée à présent par une pandémie dont les conséquences se feront longtemps sentir.


Envisager ces paramètres va au-delà d’une simple démarche spéculative ; c’est aussi tenir compte de l’esprit de l’époque dans laquelle on vit de façon pratique, sans parler des limites de la démocratie représentative, de la représentation politique électorale et de l’augmentation des inégalités qui sont, par exemple, évidentes dans la distribution des vaccins à travers le monde. A cet égard, il est possible qu’un large front politique, comme certains esprits bien éclairés l’avancent, n’ait pas sa place dans le contexte brésilien, sauf pour radicaliser le projet d’extrême-droite stimulé par les militaires. Au mieux, un front de gauche réussira à faire l’inventaire de ce qui est nécessaire pour entamer le travail de construction, mais je ne crois pas que reconstruire soit possible.


En somme, le goulot dans lequel nos bourreaux étaient prisonniers ne nous protège plus ; nous devons les affronter ou alors ils continueront à gagner, même s’ils semblent vaincus démocratiquement. Un premier pas serait, peut-être, de s’attaquer à la « tutelle militaire » qui nous accompagne dans ce qu’on appelle une « redémocratisation » jamais aboutie. Mais cela peut impliquer de ne pas être “autorisé” à participer au simulacre de démocratie qui est la nôtre. Ce sont là les dilemmes qui se posent pour pouvoir s’exprimer en démocratie et nous en sommes toujours à ce stade.


Par Marcelo Castañeda [1]

Voir en ligne : Qualquer maneira de tirar Bolsonaro vale a pena ?

Photo de couverture © Jonas Santos / Midia NINJA

[1Marcelo Castañeda est sociologue et professeur à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ)

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