De nouveau, après la publication des chiffres de la déforestation en Amazonie brésilienne pour l’année 2002, un constat s’impose : alors que l’Amazonie est un des principaux foyers de biodiversité de la planète — et malgré de nombreux programmes nationaux et internationaux — le défrichement de la forêt, et son remplacement par des systèmes agricoles simples (élevage bovin, monoculture du soja par exemple), reste la voie économique la plus rentable. Jusqu’où ?
Pour répondre à cette question, il est nécessaire de prendre un peu de recul et de définir de plus près les termes dans lesquels elle est posée. Ou, si l’on veut, il faut en premier lieu tenter de répondre à une série d’autres questions : quelle région appelle-t-on « Amazonie brésilienne », quels sont les causes et les acteurs de la déforestation ? quelle est l’étendue des dégâts ? quels mécanismes sont mis en place pour la contrer ? La question devient ainsi plus complexe et les réponses soulignent presque toutes le poids des politiques publiques menées, hier comme aujourd’hui, dans la région. En toile de fond, un débat brûlant : dans quelle mesure la déforestation profite-t-elle à l’économie brésilienne ? Et dans quelle mesure est-elle légitime ?
[...]
Par François-Michel Le Tourneau (Centre de recherches et de documentation sur l’Amérique latine (CREDAL))