« Monsieur le Président, nous pouvons profiter du fait que la presse est focalisée exclusivement sur le Covid-19 pour faire passer des réformes hors du cadre légal, changer la réglementation et simplifier des normes, que ce soit dans le domaine de l’environnement ou de l’agriculture. Et ce, sans avoir besoin de l’approbation du Congrès (…) ». Des propos tenus, le 22 avril dernier, par Ricardo Salles, ministre de l’Environnement, dans le cadre du séminaire ministériel convoqué par le président Jair Bolsonaro, afin de plancher sur les mesures à prendre face à la crise du coronavirus.
Durant la réunion, le président et plusieurs ministres profèrent aussi des insultes envers des parlementaires et des membres du Tribunal fédéral suprême (STF), la plus haute instance juridique du Brésil. Ils les accusent de vouloir « mettre à terre » l’économie du pays touché de plein fouet par le coronavirus. Ils multiplient les dérapages verbaux sans s’imaginer qu’un mois plus tard la vidéo de cette réunion serait rendue publique par un juge de la Cour suprême dans le cadre d’une enquête visant Jair Bolsonaro, soupçonné d’interférences dans des investigations policières concernant certains de ses proches.
Ces propos outranciers n’ont pas surpris. Le président d’extrême droite est connu pour avoir minimisé dès le début la gravité de l’épidémie. Refusant le confinement, il a donné la priorité à l’économie au détriment de la santé. « Dans ses pratiques politiques, Jair Bolsonaro mobilise des ressorts caractéristiques d’une grande partie des leaders populistes au pouvoir dans le monde, analyse Mélanie Albaret, enseignante-chercheuse en sciences politiques, spécialiste du Brésil. Ces mécanismes s’inscrivent dans la continuité de logiques déjà présentes avant la crise sanitaire, qui ont conduit à la militarisation du pouvoir et des glissements successifs vers un régime autoritaire et répressif. »
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