Une régression dans l’histoire de ce géant de l’Amérique du sud qui amène à s’interroger sur le sens que ce pays donnait et donne aujourd’hui encore à sa devise nationale : « Ordre et progrès ». C’est le fil conducteur de cette sélection d’archives… Qui nous amène d’abord à nous intéresser aux échanges culturels entre la France et le Brésil à la fin du XIXe siècle.
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Car il faut en revenir à ce moment de l’histoire : la devise nationale brésilienne est issue du positivisme du philosophe français Auguste Comte. Un penseur influent dans le monde entier à cette époque et singulièrement au Brésil qui rompt alors avec son régime impérial et fonde sa première république en 1889.
En ce temps-là, la pensée positiviste se donne pour projet d’affranchir l’humanité de ses anciennes croyances pour la placer sur la voie du progrès. A l’origine la devise d’Auguste Comte a même un troisième terme. Le positivisme selon Auguste Compte c’est « l’amour comme principe, l’ordre comme base, le progrès comme but ».
Cette pensée franchit donc l’Atlantique dans la deuxième moitié du XIXe siècle à la faveur des échanges intellectuels et culturels entre l’Europe et l’Amérique du sud, et elle accompagne les élites et la classe dirigeante du Brésil soucieux de mettre leur pays sur la voie de la modernisation. Mais à mesure que passent les décennies cette modernisation brésilienne a tendance à conserver l’ordre en laissant le progrès de côté jusqu’à mettre en place une dictature militaire entre 1964 à 1985.
Dans la continuité de ce questionnement sur l’origine de la violence dans ce pays, on peut se demander aussi comment interpréter l’alternance de ces dernières décennies entre une longue période de gouvernement de gauche de 2002 à 2016 et le retour de l’extrême droite militariste en 2018. Ultime convulsion autoritaire avant une normalisation démocratique, ou retour à des traditions que l’on croyait disparues avec la dictature ? C’est le vote de ce dimanche qui le dira.
En attendant, plongeons-nous dans cette nuit brésilienne avec des écrivains, des historiens, des sociologues, des intellectuels, et aussi bien sûr des témoignages d’anonymes dans les émissions et les documentaires qui composent ces sept heures d’archives.
Les Nuits de France Culture - Brésil : ordre et progrès ?
Par Antoine Dhulster
Réalisation Virginie Mourthé
Archives Ina /Radio France