La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a été suspendue de ses fonctions pour la durée de son procès au Sénat. Si elle est reconnue coupable, elle sera destituée – telle est la signification que revêt au Brésil la notion d’impeachment (« destitution » en français). Quiconque, y compris les Brésiliens eux-mêmes, a tenté de suivre le fil des manœuvres politiques de ces derniers mois sera pardonné de se sentir un peu déboussolé devant les multiples rebondissements de ce processus.
De quoi s’agit-il en réalité ? D’un coup d’Etat, comme l’a maintes fois répété Dilma Rousseff ? Ou bien, comme le prétend l’« opposition », d’une action légitime de mise en accusation de la présidente pour des actes graves commis par elle-même, son cabinet et ses conseillers ? Dans ce dernier cas, pourquoi tout cela arrive-t-il aujourd’hui plutôt, par exemple, que pendant le premier mandat de Dilma Rousseff, avant sa confortable réélection de 2014 ?
Dilma Rousseff appartient au Parti des travailleurs (PT), longtemps dirigé par son prédécesseur à la présidence, Luiz Inácio Lula da Silva (Lula). Une lecture possible des événements en cours est de considérer qu’ils s’inscrivent dans un moment de l’histoire de ce parti : celui de son accession au pouvoir, puis aujourd’hui, de sa probable éviction.