Brésil. Le retour improbable du lulisme

 | Par Raúl Zibechi

A supposer qu’il gagne la présidentielle de 2018, comme l’indiquent les sondages, et que l’on laisse de côté la question de son incarcération, l’ex-président Lula ne réunit pas les conditions économiques et politiques pour revivre le « miracle » qui lui a permis d’améliorer la situation des pauvres sans toucher aux riches. Son hypothétique gouvernement ne pourrait pas compter sur les soutiens entrepreneuriaux, militaires et sociaux qui avaient donné vie au projet « Brésil-puissance ».

Depuis que Joesley Batista, le patron de la principale entreprise frigorifique du monde (JBS-Friboi), a diffusé l’enregistrement d’une conversation qu’il a eue avec le président Michel Temer, le fragile gouvernement brésilien se trouve sur une pente qui pourrait le conduire à la destitution. Les taux d’approbation du président Michel Temer sont encore plus bas que ceux de Dilma Rousseff quelques jours avant sa destitution et se rapprochent du néant : moins de cinq pour cent [1].

Ce qui maintient le gouvernement de Temer, c’est l’assistance respiratoire que lui apportent deux partis : le sien (PMDB), maître en l’art de la jonglerie, et le social-démocrate de Fernando Henrique Cardoso (PSDB – président de janvier 1995 à décembre 2002) qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, soutient un gouvernement corrompu avec l’argument du « s’il tombe, les choses seront pires encore ». Ce qui est le plus mauvais argument que l’on puisse avancer.

Il est vrai que le même Cardoso a pris ses distances avec le gouvernement, allant jusqu’à faire marche arrière sur des déclarations faites à peine trois jours auparavant. Et il a exigé « un geste mémorable » de la part de Temer afin que ce dernier renonce et anticipe les élections générales (Brasil 247, 17 juin 2017).

Il n’en reste pas moins que la politique brésilienne traverse une situation extrêmement complexe et surtout imprévisible. Deux facteurs de pouvoir de l’importance de la chaîne de télévision Globo et de l’ex-président Cardoso demandent la sortie d’un président qui lutte infatigablement pour rester en charge contre vents et marées. Le pire, c’est qu’il peut réussir à arriver à la fin de son mandat, ce qui ne parle pas en faveur de la classe politique du Nordeste…

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