Brésil : David Miranda, l’opposant radical de Michel Temer

 | Par Leo Ruiz

Premier élu LGBT au conseil municipal de Rio, le mari de Glenn Greenwald, passé par les favelas et proche de Snowden, est l’une des nouvelles figures de l’opposition au président brésilien.

Il n’oublie aucune date. Et certainement pas celle du 19 février 2005. Sur la plage d’Ipanema, un ballon mal maîtrisé termine sa course sur un touriste américain. « Et là, le coup de foudre, se marre David Miranda depuis son bureau du 7e étage de la mairie de Rio. Un mois plus tard, on s’installait ensemble et ma vie changeait complètement. » Depuis fin 2016, le mari de Glenn Greenwald – journaliste choisi par Edward Snowden pour révéler au monde entier les documents d’espionnage de la NSA – est le premier élu LGBT de la municipalité carioca.

Une étape de plus dans son engagement politique, dont il situe le début en 2010. « Déjà dans un groupe LGBT, à la PUC (Université pontificale catholique), explique-t-il. Glenn avait un blog qui commençait à faire du bruit et je voulais gérer toute la partie marketing. Pour complèter mon autoformation, j’ai pris des cours à la fac. Je ne savais même pas faire un PowerPoint. Donc j’ai bossé 24/24 et suis passé de 4/10 en début d’année à 9/10 à la fin. » Une vraie performance pour celui qui est né d’un père inconnu et d’une mère prostituée, décédée quand il avait 5 ans. David Miranda dévore les livres (« De la neuroscience au spiritualisme, en passant par les romans d’amour ») et traverse les Etats-Unis avec Greenwald. Cette nouvelle vie, il l’avait en fait choisie des années plus tôt, en quittant à 13 ans Jacarezinho, sa favela du nord de Rio, « pour découvrir le monde ».

« Toujours les mêmes »

Les favelas, il les a parcourues en long et en large pendant la campagne municipale, lors de laquelle Snowden et Noam Chomsky ont appelé à voter pour lui. « C’est dans ces zones délaissées, où les évangélistes font leur marché, qu’il faut se rendre et éduquer politiquement, dit Miranda. Quand tu réussis à parler avec les jeunes, ils deviennent une puissante source d’information pour les autres. » Dans le chaos actuel – les fonctionnaires ne sont pas payés depuis des mois –, le jeune homme de 32 ans s’inquiète des violences de la police, « qui au nom de cet état de "guerre" exécute toujours les mêmes : les jeunes Noirs ». Lui-même a fondé la Maison de la jeunesse à Pedra do Sal, berceau de la samba et lieu historique d’expression de la culture noire à Rio.

Voir en ligne : libération.fr

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