La démission du ministre de la Justice du Brésil, Sérgio Moro, pourrait bien donner le signal de ralliement qu’attendait une part grandissante de la classe politique au Brésil : l’enclenchement d’une procédure de destitution de Jair Bolsonaro devient désormais crédible. Certes, un tel projet fermentait depuis longtemps à gauche, où se regroupent les plus fermes opposants au président d’extrême droite. Il restait cependant une hypothèse d’école tant il semblait peu réaliste d’y faire adhérer au moins deux tiers des députés fédéraux pour le rendre effectif. Le système politique brésilien, doté de nombreux partis plus ou moins opportunistes, a créé un important ventre mou de parlementaires suivistes de l’exécutif (le Centrão), assurant au président brésilien une réserve de voix suffisante pour contrer une manœuvre de destitution, en dépit de l’accumulation de ses turpitudes et outrances. Cependant, le rapport de force parlementaire est en train d’évoluer rapidement sous l’effet conjoint de la crise du coronavirus, de dissensions internes au gouvernement et d’appétits politiques grandissants.
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