Les faits se répètent dans l’histoire, comme une tragédie et comme une farce, dirait Marx. Ce dont nous avons été témoins à Brasilia, c’est la jonction entre la destruction du patrimoine culturel de l’humanité et la tentative de coup d’État contre la démocratie. La furie destructrice des putschistes contre les trois pouvoirs et tous les objets d’art unit le fascisme et la barbarie comme les brins d’une même intrigue.
Brasilia a été conçue par Lúcio Costa et Oscar Niemeyer pour être la capitale du Brésil mais aussi un symbole urbain de démocratie et de liberté. « L’agora tropicale », située au cœur du pays, est devenue un modèle d’architecture fondé sur la suprématie du collectif et rendue unique par le béton armé, poli et encadré par la beauté de ses courbes. Dans cette conception esthétique inaugurale, le béton armé devient un art fait de pierre, de fer et de ciment. Les matériaux artistiques ont été adoucis par les mains des ouvriers pionniers, les célèbres « candangos » de Brasilia.
La « Praça dos Três Poderes », la Place des 3 Pouvoirs construite en forme de triangle équilatéral représente harmonieusement le Congrès national, le Palais du Planalto et la Cour suprême fédérale.
Au fil des ans, au sein de cet ensemble architectural des trois pouvoirs, des œuvres représentatives de l’art brésilien moderne ont été rassemblées avec des reliques de l’époque de l’empire. Deux images sacrées se distinguent, Sainte Marie Madeleine et Sainte Teresa de Ávila, toutes deux de style baroque du XVIIIe siècle. L’horloge de Balthazar Martinot, du XVIIe siècle, cadeau de la Cour de France à Dom João VI, constitue certainement l’une des pièces les plus remarquables du Congrès national.
La richesse des œuvres réparties dans l’espace de représentation de l’exécutif permet à ses occupants, élus du Congrès, ministres de la Cour suprême et autres visiteurs occasionnels, d’admirer lors de leurs déplacements des œuvres de grands artistes brésiliens et étrangers. Parmi celles-ci, on peut citer les sculptures et peintures d’Alfredo Volpi, Djanira da Motta e Silva, Alfredo Ceschiatti, Frans Krajcberg, Bruno Giorgi, Maria Martins, Maria Leontina da Costa, Kennedy Bahia, Victor Brecheret. Outre les statues d’anges et de saints baroques, l’art est présent dans les meubles conçus par l’architecte Sergio Rodrigues, Jorge Zalszumpi et Oscar Niemeyer lui-même. Les peintures flamandes du XVIIe siècle de Cornelis de Heem et Jan van Huysum. L’ensemble d’œuvres présente un certain nombre de toiles et de sculptures mêlant art contemporain et art ancien.
Les visiteurs de la Bibliothèque sont impressionnés par les trois anciennes cartes encadrées : Amérique du Sud (1645), Brésil (sans date) et La Capitainerie du Brésil (1656). A noter également deux petites peintures à l’huile, Moça Sentada ao Piano (1857) et Senhora Sentada (1885), de Rodolfo Amoedo.
Il convient également de mentionner les œuvres d’un des plus grands peintres brésiliens Di Cavalcanti (1897-1976), un grand artiste du modernisme brésilien qui a dépeint la vie quotidienne nationale populaire dans ses œuvres. Le panneau « As mulatas », ainsi que la tapisserie intitulée « Múmias » embellissent la zone de circulation entre le hall d’entrée de la bibliothèque et le hall principal du palais du plateau. Il y a aussi trois urnes funéraires indigènes de l’île de Marajó et deux sculptures d’Alfredo Ceschiatti. Dans la Chambre des députés, dans le Salon Vert, près de la Présidence de la chambre, se trouve un immense tableau de l’artiste Di Cavalcanti, représentant et honorant les "candangos", pionniers et "héros" de la construction de Brasilia. Dans la bibliothèque se trouve une tapisserie d’Emiliano Di Cavalcanti intitulée « Musiciens ». Le mur principal du Palacio est en palissandre. Le vitrail du Congrès national a été conçu par l’artiste Marianne Peretti (1927-2022).