Ce que les chercheurs de l’Inrae (Institut national de la recherche agronomique) redoutaient en 2019 est arrivé. En moyenne sur la décennie, la partie brésilienne de l’Amazonie qui représente 60% de ce massif, a émis plus de carbone qu’elle n’en a stocké. « La cause provient à la fois de la déforestation nette et de la dégradation du milieu plus difficile à estimer », explique Jean-Pierre Wigneron, chercheur à l’UMR Interaction sol plante atmosphère (ISPA, Inrae Bordeaux Sciences Agro) et co-auteur de l’article écrit avec les chercheurs du CEA et de l’Université américaine d’Oklahoma paru dans Nature Climate Change du 29 avril.
La déforestation est très visible depuis l’espace
La déforestation est très visible depuis l’espace puisqu’il s’agit d’une destruction totale de la forêt pour laisser la place à l’élevage. Les chercheurs montrent que pour la partie brésilienne, elle s’est accéléré en 2019 pour atteindre 3,9 millions d’hectares contre un million en 2017 et 2018. « Mais cette destruction ne représente que 30% de la perte en biomasse, corrige Jean-Pierre Wigneron. Le reste, c’est de la dégradation, soit par l’Homme soit pour des raisons climatiques ». Les épisodes de sécheresses comme celui de 2015 provoquée par le phénomène climatique El Nino tuent les arbres les plus faibles, provoquent la chute des feuilles et inhibent le stockage de carbone, les arbres fermant leurs stomates –les petits orifices à la surface des feuilles qui permet de capter le CO2- pour ne pas perdre leur humidité. Ainsi, dans une étude parue en 2020 dans Science Advances, le même laboratoire de l’Inrae avait montré que l’ensemble des forêts tropicales américaines et africaines avaient perdu d’énormes quantités de biomasse entre 2014 et 2017 du fait de la sécheresse.
[...]